
5 juin 2019
TÉHÉRAN
VOYAGE VOYAGE
« Mais pourquoi l’Iran ? » C’est la question qui est très souvent revenue lorsque nous avons annoncé que nous partions visiter ce pays. « Pourquoi pas ! » étant la réponse que nous donnions le plus souvent, l’idée était surtout de partir avec l’envie de découvrir un beau pays finalement peu connu autrement que par le journal télé et les légendes qui tournent autour de la République Islamique d’Iran.
Ne nous le cachons pas, c’est tout de même accompagnés de quelques clichés ancrés dans nos consciences que nous partons dès 4h00 du matin pour une vingtaine d’heures de voyage. Avec aussi la certitude que certains seront confirmés, mais aussi l’espoir que d’autres se révéleront totalement absurdes.
Après 4h de bus pour Paris, une heure de train pour l’aéroport et 6h30 de vol entrecoupés d’une escale de 2h30 à Istanbul, nous débarquons à l’aéroport de Téhéran un peu avant minuit.
La première incertitude se présente alors. Combien de temps va nous prendre la demande de visa ? Selon nos renseignements, cela peut varier d’une demie-heure à…4 heures ! Forcément, après cette journée passée dans les transports, nous signerons bien volontiers pour la première option. Et pour commencer, la chance est avec nous puisqu’il n’y a pas foule.
Une fois notre attestation d’assurance vérifiée et validée, la seconde étape est le paiement. Nous nous délestons donc de 75 euros chacun (+ 3 euros de frais…) avant de passer aux choses sérieuses. Tout devient alors bizarre.
En effet, pour une formalité qui aurait du prendre environ 50 secondes, il aura fallu une heure pour avoir notre sésame. Entre le pas très vif (ou très mou) préposé de l’accueil et le James Bond local qui nous pose une question sur ce qu’on fait dans la vie et revient dix minutes plus tard pour nous en reposer une autre sur la raison de notre visite, nous ne savons pas s’il s’agit d’une mauvaise organisation, d’une volonté de nous faire attendre ou tout simplement d’une procédure totalement lunaire. En tout cas, c’est sans tampon sur le passeport et aucune preuve que le visa est accepté (seulement une preuve que nous l’avons demandé…) que nous partons chercher nos bagages. Une première.
Il faut maintenant passer le contrôle des passeports, et plus d’une heure après l’atterrissage forcément l’endroit est désert. Un agent dort tranquillement sur son clavier et un autre vient nous demander ce qu’on fait là. Après un très rapide contrôle, nous passons et allons chercher nos bagages, bien seuls sur le tapis qui ne roule même plus.
Nous pensions que l’Iran était hyper à cheval sur la sécurité, mais nous réussissons à sortir sans le vouloir sans passer le moindre contrôle des bagages ! Encore une première.
Enfin, il ne nous reste plus qu’à faire du change (à l’instant T, 1 euro = 150 000 Rials Iraniens), acheter une carte SIM iranienne et prendre un taxi.
C’est donc à presque 3h00 du matin que nous arrivons à Ekbatan, un quartier de Téhéran où Massoud nous accueille chez lui.
Une brève présentation, une douche rapide et extinction des feux pour une nuit de sommeil très attendue.
Bus Dijon – Paris : 3 € /p avec Flixbus (4h00)
Avion Paris – Téhéran (escale Istanbul) : 345€/pers avec Turkish Airlines (8h30)
Taxi Aéroport International – Téhéran : 1 200 000 IRR (une heure)
Demande de visa : Il faut absolument une attestation d’assurance en anglais avec le nom du pays clairement stipulé et les dates de séjour, sinon une assurance vous sera obligatoirement vendue (environ 16$).
Une demande de e-visa est recommandée, même si elle est systématiquement refusée. A moins de prendre RDV à l’ambassade d’Iran à Paris ou de passer par une agence.
Le prix du visa : 75 euros /p + 3 euros de frais (?)
Attention, vous ne pourrez pas embarquer si un tampon israélien est sur votre passeport.
6 juin 2019
Le réveil est difficile mais le petit déjeuner concocté par Massoud requinque. Salade de tomates, concombres et fromage frais, oeufs frits et pastèque, le tout agrémenté de pain, de miel et de café, il ne nous en faut pas plus. Nous discutons avec Massoud de ce qu’il y a à faire à Téhéran et il nous indique le meilleur moyen d’y aller en métro.
Nous apprenons aussi que pour dire merci, il suffit de dire…merci (en roulant le r).
Aujourd’hui c’est férié (Aïd el Fitr) et malheureusement le grand bazar sera fermé, mais nous aurons l’occasion de revenir avant la fin de notre périple. C’est quand même aux alentours de ce bazar que nous décidons d’aller prendre la température de la ville.
Pour ce faire, nous faisons attention à notre tenue. Pantalon, chemisette et chaussures fermées pour moi, Hijab pour Emeline. Le Hijab est obligatoire pour les femmes, c’est la loi. Il ne s’agit pas d’un habit traditionnel. Beaucoup de choses sont permises tant que les cheveux et les formes sont dissimulés. C’est donc avec un foulard sur les cheveux et une chemise longue qu’Emeline sera pendant un mois. Ce n’est pas ici qu’elle pourra parfaire son bronzage !
Nous empruntons donc le métro, propre, efficace et qui n’a rien à envier aux métros d’autres grandes villes. En plus c’est pratiquement gratuit !
Petite différence quand même, des rames sont réservées aux femmes seules qui doivent absolument s’y rendre. En effet, les femmes accompagnées de leur mari ou d’un parent peuvent emprunter les autres rames, à condition de ne pas s’asseoir à côté d’un homme qu’elles ne connaissent pas. C’est un coup à prendre puisqu’il ne faut par exemple pas laisser une place libre à côté d’Emeline, sinon aucun homme ne pourra s’asseoir sur ce siège !
Des vendeurs à la sauvette déambulent également dans les rames, proposant toutes sortes d’articles que nous ne pensions pas pouvoir acheter dans le métro. Chaussettes « Levi’s », semelles, rasoirs « Gilette », brosses à dents ou gadgets totalement inutiles, tout se vend, tout s’achète !
A la sortie de la station, il y a énormément d’animation. En effet, autour du bazar se côtoient toutes les échoppes de nourriture, d’habits et de tapis. Fruits secs, épices, sucreries en tout genre, glaces, tapis persans ou tapis chinois, tout y est. Nous rentrons ensuite dans une espèce de centre commercial, qui n’a de charme dans la chaleur de cette fin de matinée que parce qu’il est climatisé.
Nous ressortons vite et continuons notre balade. Un marchand de tapis entame la conversation, nous demandant d’où nous venons et ce que nous voudrions faire. Comme toujours dans les premiers jours, nous sommes méfiants en pensant qu’il voudra forcément nous vendre quelque chose mais finalement, il n’insiste en rien et nous le quittons avec un sourire.
Une échoppe attire ensuite notre regard. Le géant suédois du meuble en kit aurait donc un magasin ici, dans le bazar de Téhéran ? Malheureusement fermé, le magasin sera sans aucun doute une étape de notre future visite du bazar de Téhéran.
Il est temps d’entamer les visites que nous avons prévues, et c’est vers le palais Golestan que nous nous dirigeons. La chaleur est écrasante, mais la visite est plutôt agréable et très surprenante. Dehors, les murs sont typiques de la Perse, avec des carreaux décorés qui font des fresques magnifiques.
A l’intérieur, c’est plutôt le temple du kitsch. Des rénovations ont été entreprises, et nous espérons que Notre-Dame de Paris ne subira pas le même sort. Tout est plâtré, les décorations sont très colorées et tout fait faux, à part les objets exposés et les toiles de peintres iraniens, qui d’ailleurs ne sont pas mises en valeur par l’éclairage.
Enfin, les murs et plafonds des dernières salles sont couverts de miroirs et de petits carreaux brillants, ce qui donne l’impression de déambuler dans le palais des glaces de la fête foraine du coin.
Nous ressortons et après une petite pause à l’ombre dans les jardins du palais, retournons à la station de métro, une glace italienne à la main. Là, un jeune iranien entame la conversation et nous donne quelques pistes pour nos futures visites, comme le village de Darband que nous n’avions pas prévu mais qui a l’air plutôt sympa.
Notre prochaine étape est le musée de la Défense Sacrée et la climatisation du métro est la bienvenue. Deux iraniennes accompagnées d’un ancien commencent à discuter avec nous et c’est plutôt intéressant. L’une est dentiste, l’autre prof d’anglais. La première question qui leur vient à l’esprit est de comprendre pourquoi nous sommes ici malgré les problèmes politiques et surtout la réputation qu’ils ont. Ils sont lucides et savent très bien que la plupart des occidentaux en ont une image de méchants terroristes en puissance et eux s’en amusent carrément. Bon, les gens en face de nous font partie de la population éduquée et « riche » mais c’est déjà un premier contact intéressant. Nous terminons la conversation sur ce qu’ils connaissent de la culture française et nous nous amusons du fait que toutes les célébrités qu’ils connaissent et aiment ne sont pas de première jeunesse. Alain Delon ou Brigitte Bardot sont des noms sortis du passé, mais ils nous expliquent qu’après la Révolution Islamique en 1979, le temps s’est figé pour eux à ce niveau du fait de la censure et de la fermeture au monde extérieur.
Notre station arrive et avant de sortir prendre une correspondance, l’ancien nous mime un terroriste armé d’une mitraillette en se fendant la poire !
Dans le second métro, un vendeur à la sauvette entame la discussion et nous offre une histoire incroyable. On y croit ou pas, mais il dit avoir vécu en Angleterre et avoir eu la chance de voyager partout. Malheureusement, son frère a pris tout son argent, l’a même mutilé en lui crevant un oeil avec un couteau et finalement, se retrouve à Téhéran à vendre des chewing-gums dans le métro. Cette histoire, il ne nous l’a pas raconté avec misérabilisme. Au contraire, toujours avec un sourire et en ponctuant ses phrases d’un « c’est la vie » ou « c’est comme ça ».
Nous quittons notre vendeur à la sauvette pour nous diriger enfin vers le musée de la Défense Sacrée. Le long du musée, des chars, des avions de chasse et des armes lourdes capturées aux irakiens sont exposés. Ils font aussi office de jeu pour les enfants puisque les gamins n’hésitent pas à monter sur les chars ou à manipuler les mitrailleuses lourdes. On s’amuse comme on peut ! En même temps c’est plus marrant qu’un vulgaire toboggan.
Nous entrons ensuite dans ce musée retraçant l’histoire de la « guerre imposée ». Cette guerre commencée par l’agression de l’Iran par l’Irak en 1980 a fait des millions de morts et a duré jusqu’en 1988.
Le musée met en scène plusieurs époques de cette terrible guerre qui a traumatisé les Iraniens, mais malgré la qualité des présentations (il y a même un simulateur de bombardement !) du déroulement de cette guerre, nous n’apprendrons pas vraiment pourquoi elle a commencé. Nous sentons quand même le ressentiment vis à vis des médias étrangers et de la communauté internationale, qui auraient plutôt soutenu l’Irak et frileusement condamné cette attaque injustifiée.
Cette petite visite aura tout de même été instructive et agréable.
A quelques centaines de mètres de là se tient le Pont Tabiat, une attraction très prisée des Iraniens. Nous traversons ainsi un grand parc où les locaux profitent de leur jour férié pour aller pique niquer dans des cahutes prévues à cet effet, avec barbecue mis à disposition. C’est donc en famille (souvent nombreuses) et avec des kilos de nourriture et d’équipements qu’ils viennent fêter la fin du ramadan, un anniversaire ou tout simplement passer un bon moment.
De l’autre côté du parc se tient donc le fameux pont Tabiat. Cette « merveille » architecturale a de quoi être surprenante. Cette énorme passerelle de design moderne n’a rien de charmant, elle qui passe au dessus de l’autoroute, mais attire énormément de monde. Les selfies fusent de partout et les gens s’y arrêtent longuement pour discuter. Il s’agit même d’un lieu de rencontre pour les jeunes iraniens.
Après avoir vu cette curiosité, nous décidons de nous arrêter manger un morceau dans le restaurant du pont. Oui, car il y a de nombreux stands de fast food et un restaurant dans ce pont à plusieurs niveaux. Nous ne changeons pas une équipe qui gagne et c’est avec des nouilles aux légumes et un café glacé que nous inaugurons notre premier vrai repas en Iran. Pour l’authenticité, on verra plus tard ! En même temps, l’impression que nous donne Téhéran est plutôt celle d’une ville moderne, où les iraniens adoptent un mode de vie de plus en plus occidental. Les pizzas, les burgers, le coca-cola (tiens ? il n’y a pas un embargo américain ?) sont légions, les gens se prennent en selfie pour s’afficher sur Instagram et la musique que nous entendons un peu partout est quand même orientée MTV.
Pendant le repas d’ailleurs, la playlist occidentale nous offre une surprise. En effet, entre les tubes anglo-saxons un intrus se glisse en la personne de Zaz. Même à Téhéran nous avons donc du subir « Je veux… » !
Il est enfin temps de rentrer, la longue journée, la chaleur et les kilomètres de marche auront eu raison de nous.
Sur le chemin, nous nous arrêtons tout de même boire un thé sur un trottoir où un iranien a posé 3 vans Wolksvagen modifiés pour devenir des food-trucks.
Arrivés chez Massoud, la douche fait un bien énorme, la clim aussi. Et c’est avec cette fraîcheur que nous terminons cette première journée de visite à Téhéran. Demain nous prenons le bus pour Kashan, mais nul doute que nous reviendrons plus tard dans la capitale, au moins pour voir l’effervescence d’un des plus grand bazars du monde.
Notre Guest House : quartier Ekbatan – station Sharak e-Ekatan
Chez Massoud (Téhéran B&B) : 20 euros la nuit (avec petit-déjeuner)
Le quartier d’Ekbatan est un peu loin de tout, mais le métro bon marché efficace et confortable règle le problème. Massoud est gentil et serviable, mais très discret. Mais quand même moins que sa femme que nous n’avons pas eu la chance de voir. Le petit déjeuner est bon et copieux.
Ticket de métro : 12 500 IRR le trajet
Plat au Tabiat VIP : entre 300 000 et 500 000 IRR – Pont Tabiat station Shahid Haghani
Entrée au palais Golestan : 460 000 /p (partie principale) – station Panzdah e-Khordad
Entrée au musée de la Défense Sacrée : 250 000 /p (avec 30% de réduction jour férié) – station Shaihid Haghani
KASHAN
7 juin 2019
Ce matin, c’est tôt que nous nous levons. Le petit déjeuner local englouti, nous faisons nos adieux à Massoud et prenons la direction du terminal de bus Payane Jonoob (station du même nom).
À peine arrivés, un assistant chauffeur nous propose un bus pour Kashan partant immédiatement. Vu le prix ridicule, nous ne prenons même pas la peine de comparer ni même négocier le ticket et embarquons pour environ 3h30 de bus confortable et climatisé.
Le trajet passe vite, et une fois arrivés au terminal de Kashan, Majid, un chauffeur de taxi nous alpague. Il nous emmène à la guest-house et surprise (!), il est aussi organisateur d’excursions. Il est plutôt sympa et marrant, et nous décidons de lui faire confiance en programmant le lendemain une excursion à Niasar, un petit village aux abords de Kashan, réputé pour sa cascade.
Pour le moment, nous allons prendre possession de notre chambre au Green House Hotel.
La chambre n’étant pas tout à fait prête, Majid nous amène dans le quartier ancien de Kashan pour qu’on y déjeune.
C’est dans le restaurant situé dans la maison traditionnelle Abbasi que nous prenons place. La salle est grande, très haute de plafond et s’articule autour d’une fontaine. Le cadre est vraiment sympa et nous avons le choix entre un espace où l’on mange au sol, et une table avec des chaises. Ma souplesse légendaire ne nous laisse pas le choix et c’est donc sur une table que nous allons déguster des plats typiques.
Le serveur nous apporte les plats accompagnés d’un petit drapeau français. Nous sommes choyés ! Au menu, un dizi pour moi et un kashke bademjan pour Emie.
Le dizi est un ragoût dont la façon de le déguster est ancestrale, et c’est le serveur qui va nous en faire la démonstration. Il faut d’abord vider le jus dans un bol et y tremper des morceaux de pain. Ensuite, le mouton, les haricots et les légumes sont écrasés avec un pilon. La mixture est ensuite présentée dans une assiette, prête à déguster. Un délice de saveurs.
Pour ce qui est du kashke bademjan, Emie ne sera pas emballée. La faute au lait fermenté qui recouvre le caviar d’aubergine et qui finit par écœurer.
En tout cas, nous avons pu goûter les spécialités du coin et nous sommes convaincus que nous pourrons manger correctement en Iran. Le tout dans une ambiance festive puisque c’est vendredi et la salle est animée. Un orchestre entame même un tour des tables pour amuser la galerie. Un homme à côté de nous se prend au jeu et danse au son des encouragements des convives.
Repus, c’est à l’hôtel que nous nous réfugions de la chaleur. Nous saurons plus tard que cette journée rentrera dans les records de chaleur ici avec 42°C. Du jamais vu depuis 50 ans (…).
Une petite sieste dans la chambre climatisée, puis nous repartons dans le quartier ancien. Nous déambulons dans les ruelles et visitons la Masjid e-Agah Borzog. Emie doit se vêtir d’un tchador aux allures de draps des années 50, mais la mosquée est superbe.
C’est toujours un lieu de prière mais c’est aussi une école. Il y a carrément un terrain de volley en contre-bas de la zone de prière et une partie endiablée s’y joue. Les Iraniens sont fous de ce sport et l’équipe nationale est loin d’être ridicule.
La visite terminée, Emie se déleste de sa tente (traduction de tchador) et nous allons en direction du Mozaffari Café. Dans une ruelle, nous rencontrons Saïd qui ne parle pas un mot d’anglais mais essaie de communiquer avec un large sourire. Nous ne comprenons strictement rien de ce qu’il essaie de nous dire mais arrive quand même à nous demander un selfie et une photo avec Emie, ce que nous lui accordons volontiers. La pose n’est pas très standard, voire très bizarre. Il ne pourrait pas se mettre plus près d’elle mais il ne pense pas à mal et c’est avec le sourire que nous le quittons.
Le Mozaffari Café est un lieu sympa où les jeunes iraniens viennent discuter autour d’un thé ou d’un jus de fruits pressés tout en profitant d’une connexion internet. C’est un peu le Starbuck du coin. L’ambiance y est un peu « lounge » et les jus sont excellents. Nous en profitons pour y déguster une limonade et un jus de citron vert/gingembre, puis pour éviter la fringale nous commandons une petite soupe de nouilles aux légumes. La playlist nous surprend encore puisqu’elle nous permet d’écouter un grand classique de la chanson française. Entendre Edith Piaf qui entonne « Non rien de rien » dans un café au milieu du désert iranien, c’est quand même fort.
Enfin, nous prenons un taxi pour rentrer à la Guest House et terminer la soirée tranquillement à la clim, à préparer la suite du voyage et à travailler un peu sur le blog.
8 juin 2019
NIASAR
Le Grand Flop
C’est donc aujourd’hui que nous avons notre première excursion en Iran. Depuis hier, nous sommes dubitatifs sur notre choix puisqu’aucune autre agence ne nous a proposé ça, et qu’en matière de cascades nous avons eu notre lot de déceptions.
Enfin, nous nous sommes engagés et nous verrons bien, peut-être qu’une belle surprise nous attend ! En parlant de surprise, ce n’est pas Majid et sa bonne humeur qui nous accompagnera mais Saïd Reza, un de ses amis qui ne parle pas un mot d’anglais. Ce n’est donc pas un guide que nous aurons mais un chauffeur. Premier signe avant-coureur…
Nous voilà donc partis pour Niasar, une bourgade prisée des iraniens à une trentaine de kilomètres de Kashan. Saïd nous arrête d’abord à l’entrée du village pour y découvrir un temple de feu, édifice de la religion zoroastrienne présente en Iran. Pas protégé du tout, quelques pierres qui n’ont d’intérêt que d’être en hauteur et de nous donner ainsi une vue sur la vallée et la carrière de marbre alentour. Flop.
Bref, nous continuons notre progression et après avoir croisé un berger avec ses moutons (peut-être le meilleur souvenir de cette matinée…), c’est en haut de la fameuse cascade de Niasar que notre chauffeur-guide débutant nous amène. C’est dans un genre de parc aménagé pour le pique nique que nous arrivons, et en se baladant au milieu des locaux venus poser la tente et le matériel de pique-nique nous arrivons en haut d’une « cascade ». En fait une chute d’eau de trois mètres ressemblant plus à une évacuation qu’à une cascade naturelle. Flop.
Saïd nous emmène ensuite en bas de la cascade, ou en tout cas essaie car nous avons l’impression que c’est la première fois qu’il vient, et nous promet quelque chose de « beautiful », le seul mot anglais qu’il connait finalement. Une petite erreur d’itinéraire plus tard, nous arrivons au bas de la cascade, certes un peu plus sympa que l’espèce de parc en haut, mais pas grand-chose de « beautiful ». C’est un peu la cohue avec tous les touristes iraniens venus se prendre en photo devant cette cascade, et c’est bien ce que nous allons retenir. Les locaux adorent cet endroit et même si nous avons un peu de mal à comprendre pourquoi, c’est une indication sur ce qu’ils apprécient et sur ce qu’ils font le week end. Demi-Flop.
Sur le chemin du retour, nous ressassons cette matinée en pensant à la journée que nous venons de perdre et même si ce n’était pas cher, c’est toujours ça de jeté par la fenêtre. Saïd était très gentil et attentionné (il nous a même cueilli des mûres…) mais cela n’a pas suffit à égayer la matinée.
Bref, nous décidons quand même de ne pas trop nous en formaliser et retournons déjeuner à l’Abbasi Restaurant. Deux assiettes de légumes et une assiette de riz safrané agrémenté d’un café glacé (ou plutôt froid) et nous revoilà remotivés. Nous visitons ensuite la maison traditionnelle Abbasi et là c’est une belle surprise.
En effet, cette ancienne grande maison construite par un riche marchand nous propose une belle architecture, des vitraux et des boiseries magnifiques. À l’intérieur il y a même deux ateliers de fabrication artisanale de tapis et de tissu, spécialité de la région de Kashan.
Cette jolie visite nous redonne du baume au coeur. La chaleur écrasante nous oblige à nous réfugier dans la chambre climatisée pour une petite sieste et en fin d’après midi, c’est au Bazar que nous terminerons l’après-midi.
Sur le chemin, nous sommes attirés par une boulangerie où le travail va commencer. Ali Reza, un petit gamin de 10 ans engage la conversation et nous demande de rester pour voir son père et ses apprentis confectionner le pain. C’est une aubaine et le temps que tout ce petit monde se prépare, Ali Reza nous pose des questions sur nous et nous dit qu’il joue au foot. Le pain est maintenant prêt et nous est même offert. Le petit Ali, fier de son papa et de son savoir-faire nous demande un selfie, ce que nous lui donnons volontiers et nous quittons ce petit monde comme souvent depuis notre arrivée en Iran avec le sourire.
Le Bazar est un véritable labyrinthe et nous nous perdons dans les nombreuses allées couvertes où se côtoient les échoppes en tout genres. Cuivre, habits, montres, épices, comme toujours dans ces lieux tout est disponible.
Au détour d’une allée, c’est un ancien caravane-sérail que nous découvrons et le charme de ce lieu ne peut que faire effet. Une belle bâtisse, des marchands de tapis, et un jeune iranien qui vient engager la conversation pour pratiquer son anglais. Il nous explique que le caravane-sérail est une ancienne halte pour les marchands nomades, et nous donne quelques informations sur les différentes structures du bâtiment. Nous en profitons aussi pour échanger puis le quittons, toujours avec le sourire.
Il est ensuite temps de rentrer et au passage, une petite glace à l’italienne à la main, nous allons acheter pastèque et bananes pour déjeuner demain matin. En effet, c’est à 4h00 du matin que nous nous lèverons pour aller voir un lever de soleil dans le désert du Maranjab, en espérant une plus belle excursion que ce matin.
9 juin 2019
Le lever est difficile et après un petit déjeuner rapide de pastèque, banane et oeuf dur, nous suivons Narguiez, une jeune iranienne qui travaille comme guide et organisatrice d’excursion à la Guest House. C’est avec Dado, un voyageur slovaque que nous allons partager le 4×4 Patrol (et les frais !) pour une balade dans le désert du Maranjab. Petite récréation pour Emie, dans le véhicule et dans le désert, elle ne sera pas obligée de se couvrir la tête.
Notre chauffeur, lui, n’est pas là pour plaisanter et de nuit, c’est en mode Dakar que le 4×4 traverse l’étendue désertique pour atteindre le spot « sunrise ».
Là, c’est le silence total, le calme absolu au bord d’un lac salé qui se découvre à mesure que le soleil se lève. L’endroit est paisible et agréable. Forcément, ce n’est pas le Salar d’Uyuni en Bolivie mais si l’on commence à comparer tout ce que nous faisons à ce que nous avons déjà vu de meilleur, nous ne pourrons plus profiter de rien et deviendrons ce que nous ne voulons pas être : blasés.
Nous profitons ainsi du lever de soleil assis sur le 4×4 et le petit encas prévu par Narguiez comble nos estomacs.
Il est ensuite temps de partir et d’aller voir une autre partie du désert. Cette fois, ce n’est pas un lac salé mais des dunes de sables que nous aurons la chance de voir. Sur le chemin, des groupes de dromadaires paissent tranquillement et nous nous arrêtons prendre quelques photos.
Les dunes s’étendent à perte de vue et pendant une demi-heure, nous en profitons largement le temps que notre guide et le chauffeur révisent un peu leurs examens. En effet, ils sont étudiants (l’une en informatique, l’autre en psychologie) et ce travail leur permet de financer leurs études.
Nous repartons alors vers Kashan, avec d’autres arrêts pour visiter des points d’intérêts comme la mosquée imam Zadeh Mohammed Hlal ou le château Sy Zan qui protégeait la cité souterraine de Nushabad. Cette cité souterraine a été construite pour se réfugier en cas d’attaque ennemie et la preuve que cela a du fonctionner, cette cité n’a été découverte par hasard qu’il y a 20 ans.
La fatigue et la chaleur commencent à se fair sentir, il est temps de rentrer à la Guest House. Après un encas et une douche rapides, nous allons donc prendre possession de nos lits pour une longue sieste au frais.
En fin d’après midi, nous retournons à pied au quartier ancien afin d’y visiter une seconde maison traditionnelle, celle de la famille du riche marchand Tabatabaei. Aussi grande mais encore mieux conservée que l’Abbasi, les vitraux et les murs sculptés sont en bon état et cette visite est très agréable.
Nous terminons l’exploration de Kashan par l’ancien hammam du sultan Amir Ahmad, qui montre une nouvelle fois l’opulence dans laquelle vivaient (vivent ?) les gens riches.
Enfin, c’est au Mozaffari que nous allons dîner. Légumes mixés et mélangés à de l’oeuf pour Emie, une brochette de poulet et du riz pour moi.
Le retour à la guest-house se fera à pied afin de prendre une dernière fois la température de Kashan. Même si notre séjour s’est rallongé à cause du flop Niasar, Kashan restera un bon souvenir, notamment par son ambiance tranquille, ses maisons traditionnelles et les sourires de tous ces gens que nous y avons rencontrés.
C’est d’ailleurs une remarque que nous nous faisons le jour où nous lisons un article de la presse française sur la fermeture de plus de 500 cafés et restaurants par la police de Téhéran à cause de leur immoralité vis à vis de la loi islamique. Les commentaires des internautes y sont à vomir et prouvent une fois encore que l’ignorance et la fermeture d’esprit font dire des choses incroyables. Cela fait moins d’une semaine que nous sommes en Iran, mais une chose est sûre. Les iraniens pour leur grande majorité subissent leurs lois religieuses, ne les cautionnent pas et essaient de s’émanciper du mieux qu’ils le peuvent. Les clichés auront bien sûr la vie dure, mais sur ce point, l’image que nous avions de l’Iran et de sa population a volé en éclats en moins d’une semaine.
Demain, nous continuons l’exploration de cet immense pays en allant à Ispahan, certains que d’autres belles rencontres sont à venir.
Bus Téhéran – Kashan (terminal Payane Jonoob) : 300 000 IRR /p
Notre Guest House à Kashan : le Green House Hôtel, 15 euros la nuit en chambre double climatisée (et petit déjeuner). Pas loin du Bazar, un peu plus excentrée du quartier ancien, cette Guest House tenue par Ali est très calme et de bonnes vibrations s’en dégagent. Propose des excursions. Nous y avons passé un très bon séjour.
Excursion à Nasiar : 10 euros la voiture. C’est 10 euros de trop…
Excursion dans le désert du Maranjab : 40 euros la voiture. En partageant la voiture, cela vaut le coup de se lever tôt.
Entrée Cité Souterraine Nushabad : 300 000 IRR /p
Maisons traditionnelles : ticket combiné (Abbasi, Tabatabaei et Hamam Amir Ahmad) : 480 000 IRR /p
10 juin 2019
EN ROUTE VERS ISPAHAN
Pour aller à Ispahan, nous avons pris l’option excursion avec chauffeur. En effet, entre Kashan et Ispahan, certains points d’intérêts peuvent valoir le coup de s’y arrêter. Cette fois nous sommes prévenus d’avance qu’il s’agit d’un chauffeur et non d’un guide et Ahmad, notre chauffeur du jour donc, nous prend à 9h00 à la Guest House. L’itinéraire prévu doit nous amener aux jardin Fin, puis à Abyaneh et enfin à Natanz avant d’arriver à Ispahan.
Notre premier stop sera donc la visite des fameux jardins Fin, inscrits au patrimoine de l’Unesco. Ces jardins sont un havre de fraîcheur avec ses allées arborées, ses canaux et ses fontaines dont l’eau qui s’y écoule provient d’une source naturelle. Les deux pavillons et l’ancien hammam valent également le coup d’oeil et finalement cette première visite du jour est très agréable.
Nous rejoignons alors Ahmad, qui discute avec un local. C’est une constante ici, nous avons l’impression qu’il n’y a pas qu’avec les étrangers que les iraniens aiment engager la conversation. Dès qu’ils ont un moment, ils n’hésitent pas à discuter avec des gens qu’ils ne connaissent pas. Le nouvel ami d’Ahmad nous offre un jus au safran et aux graines de chia. Cette boisson fraîche est excellente et nous remercions cet inconnu qui n’oublie évidemment pas le traditionnel selfie avec nous et sa famille avant d’aller lui aussi visiter les jardins.
Nous reprenons ensuite la voiture et Ahmad, même s’il ne parle pas beaucoup anglais, essaie de communiquer au mieux à l’aide du traducteur de son téléphone. Avec un grand sourire, il nous dit que dans le désert il n’y a pas d’Ayatollahs et qu’Emie peut enlever son foulard. Il nous donne aussi quelques informations le long de la route, comme le passage devant une usine Citroën. Nous comprenons alors mieux pourquoi la moitié des véhicules en Iran sont des 206 ou des 405 ! Mais le plus fun reste à venir.
En plein désert, nous passons alors devant un bâtiment militaire. Là, avec un grand sourire, il nous explique qu’on y fabrique du nucléaire. Nous savions que l’endroit était connu pour l’enrichissement d’uranium et naïf, je lui demande si c’est pour la production d’électricité. Sans se démonter il nous annonce que c’est pour la production de bombes ! Et comme si de rien n’était il continue sa route en se marrant !
En passant, nous prenons un militaire qui va prendre son poste en stop (!), puis continuons notre route vers Abyaneh, un village typique de la région. Quelques arrêts photos plus tard, nous arrivons donc à Abyaneh.
Ahmad nous attend alors à l’entrée du village, mais nul doute qu’il trouvera quelqu’un pour passer le temps à papoter. Cela fait plus de quinze ans qu’il fait le chauffeur sur ce circuit donc il est connu comme le loup blanc.
Abyaneh est un village typique, construit à flanc de montagne et qui a la particularité d’avoir des constructions en terre rouge. Nous déambulons donc dans les petites ruelles sinueuses, alpagués quand même par les vieilles femmes du village en habit traditionnel vendant des objets « artisanaux », jusqu’à la mosquée du village. La balade dans la fraîcheur d’un village de montagne est agréable.
Il est temps ensuite de retrouver Ahmad, pendu au téléphone pour gérer ses « affaires ».
La prochaine étape est le village de Natanz. Sur le chemin, Ahmad n’hésite pas à s’arrêter pour de petites attentions. Ici un champ de roses (malheureusement déjà récolté) qui lui permet d’offrir une fleur à Emie, là un cimetière où il nous explique que les hommes et les femmes ne sont pas enterrés au même endroit et que les hommes sont placés en hauteur (comme dans la vie !). Il est toujours aux petits soins et n’hésite pas à nous offrir le thé ou des douceurs.
Nous arrivons donc à Natanz, et Ahmad nous montre la mosquée du village puis les jardins autour et enfin, un temple du feu zoroastrien. Là, notre chauffeur se met en quête de cueillir des mûres et nous offre de bon coeur sa récolte.
Il nous emmène ensuite à l’atelier du professeur Reza, un célèbre artisan de la région qui travaille la céramique. Son apprenti nous explique brièvement comment il créé ses pièces et nous offre un verre de dugh, du yogourt acidifié avec des herbes hachées. Ce n’est pas mon truc alors qu’Emie est agréablement surprise.
C’est l’heure de déjeuner et Ahmad nous emmène chez un de ses amis qui tient un boui-boui. Nous trouvons enfin un endroit comme nous les aimons. Pas de déco, pas de convenances, des locaux qui viennent s’y restaurer et une cuisine simple mais excellente. Ce sera même le meilleur repas depuis le début. Nous décidons d’offrir le repas à Ahmad et là nous nous rendons compte que nous avons très bien mangé pour une bouchée de pain. Nous nous promettons que pour la suite, même si nous n’en avons pas encore beaucoup vu, nous essaierons de trouver le plus souvent possible ce genre d’échoppes.
Il s’agissait là de notre dernier arrêt et avant de prendre la route pour Ispahan, Ahmad doit faire le plein. Il nous demande alors de sortir de la voiture et de regarder les photos sur les murs de la station. Elles montrent des véhicules qui ont explosé lors du remplissage des réservoirs puisque bizarrement, les véhicules (en tout cas le taxi d’Ahmad) roulent au gaz. Une photo vaut mille mots !
L’heure et demi de route jusqu’à Ispahan se déroule sans encombres et la conduite sportive de notre chauffeur prend tout son sens dans le trafic de cette grande ville. Il nous annonce qu’il est Michael Schumacher, mais il est certain qu’il ne sait pas dans quel état celui-ci est actuellement !
Excursion Kashan – Fin Garden – Abyaneh – Natanz – Ispahan : 20 euros la voiture
Entrée Fin Garden : 200 000 IRR/p
Entrée Abyaneh : 100 000 IRR /p
ISPAHAN
10 juin 2019
Après cette grosse journée, nous arrivons chez Mahi à la Anar Guest House. C’est sa maman qui nous accueille le temps que Mahi rentre du travail et même si son anglais se compose de quelques mots, nous arrivons tant bien que mal à communiquer. Comme toujours, on nous offre le chaï (thé) et quelques douceurs (dattes, pastèque…).
Nous prenons ensuite possession de nos lits puis décidons d’aller visiter le quartier proche de Jolfa, le quartier arménien plutôt branché.
Le contraste avec une Kashan plutôt traditionnelle et assez religieuse est saisissant. Ici, pas de femme en tchador noir ou d’échoppe vendant tout et n’importe quoi. Hyper-moderne, ce quartier d’Ispahan dévoile des avenues où les magasins et centre commerciaux aux vitrines attirantes alternent avec des cafés et restaurants où la musique « occidentale » résonne. A cette heure, le quartier est hyper-animé et la population y est très jeune. Le décalage avec Kashan y prend toute sa dimension dans le code vestimentaire. Nous avons l’impression d’être des ploucs au milieu de jeunes branchés, où les femmes essaient d’en dévoiler le plus possible tout en restant dans le cadre de la loi. Les foulards tous très colorés sont mis de façon à laisser passer le plus de cheveux possible et le maquillage est loin d’être discret au risque d’être parfois vulgaire. Les coiffures des hommes ne sont pas non plus en reste, avec souvent des cheveux longs ou teints.
Un marchand de tapis nous alpague au détour d’une rue et « pour le plaisir des yeux », nous décidons de le suivre dans sa boutique. Il s’agit alors d’une démonstration privée et le vendeur parle un français impeccable. Il nous offre ensuite le thé, tradition avant de parler de choses sérieuses en Iran, et pendant une demi-heure, il nous montre ses tapis et nous explique les différences entre les motifs, les couleurs, la qualité et les tailles de ses produits. La « visite » est très intéressante puisqu’il s’agirait d’une très grosse compagnie et un des meilleurs fabricants du coin, et en plus on peut y payer par carte bancaire et se faire livrer. Royal !
Le vendeur était excellent, mais nous réussissons l’exploit de ressortir de la boutique sans un tapis sous le bras et continuons de déambuler dans le quartier. Nous faisons ainsi le tour de la cathédrale de Vank, bel édifice chrétien, puis il est temps de rentrer, sans oublier de passer par la case glace à l’italienne, très prisée des locaux.
Nous rencontrons enfin Mahi, jeune iranienne qui cumule les activités pour subvenir aux besoins de sa famille. Nous discutons longuement avec notre hôte, notamment de la vie en Iran. Elle nous parle ainsi de la difficulté des locaux pour vivre depuis l’embargo américain, difficultés qui se sont accrues avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et les nouvelles sanctions infligées à l’Iran. La monnaie ne vaut plus rien et les prix se sont envolés, et si ces sanctions visent le gouvernement iranien, ce sont bien les habitants qui en font les frais. Et à moins de travailler pour le gouvernement ou une grande société qui offrent beaucoup d’avantages, la vie est très difficile pour les iraniens. Elle nous glissera d’ailleurs que depuis trois ans, à cause de la dévaluation de la monnaie, son salaire est passé de 300 euros à 80 euros par mois. Elle gagne beaucoup plus d’argent avec la guest house et garde son travail uniquement pour garder de l’expérience.
Enfin, il est temps d’aller se coucher, une autre belle journée nous attend avec la visite plutôt culturelle d’Ispahan.
11 juin 2019
Après la surprise du quartier Jolfa, nous allons nous attaquer au nord d’Ispahan. D’après Mahi, la partie au nord de la rivière est bien plus traditionnelle et religieuse que le sud plus moderne et branché.
Pendant le petit déjeuner, copieux et composé de tomates, concombres, pain, fromage, confitures et pastèques, nous discutons avec un japonais qui fait ses études à Bordeaux. Il veut travailler dans le vin et connaît plutôt bien Dijon puisqu’il a déjà travaillé dans un domaine de Savigny les Beaune. Improbable.
Nous discutons aussi avec Carolin, une allemande qui a tout plaqué pour voyager et cela fait 6 mois qu’elle bourlingue sans billet de retour.
Elle nous propose de l’accompagner lors d’un Free Walking Tour organisé par le Mahabibi Hotel. Nous acceptons volontiers puisque nous n’avons jamais participé à ce genre de visite guidée d’une ville, gratuite et basée sur le pourboire.
Nous partageons donc un taxi pour nous rendre à l’hôtel, et nous serons donc une petite dizaine à visiter le quartier touristique d’Ispahan en compagnie d’une jeune guide et de son collègue qui apprend le métier pour changer de carrière.
La visite commence par la place Naqsh-e Jahan (ou place de l’Imam), la deuxième plus grande place du monde après Tiananmen en Chine. Totalement piétonne, seule des calèches peuvent y circuler. Cette place est superbe et les monuments qui l’entourent en font un point d’intérêt à ne pas manquer.
Nous continuons la visite par la mosquée de l’Imam, anciennement mosquée du Shah. En effet, depuis la révolution islamique de 1979, toutes les places, rues ou monuments qui portaient le nom du Shah ont été renommées par Imam ou Imam Khomenei.
Cette mosquée est magnifique et les explications de la guide sont claires et très intéressantes. Nous y apprendrons par exemple que le Shah utilisait les murs d’entrée de la mosquée pour y graver ses décrets, comme celui sur la propreté de la ville et l’éducation à l’utilisation des poubelles et au nettoyage des rues. Cela se ressent en Iran puisque les villes y sont propres et certaines des nôtres pourraient s’en inspirer.
Nous ressortons pour aller visiter le palais Ali Qapu. Situé lui aussi sur la place Naqsh-e Jahan, il servait de résidence et de réception au Shah. Encore une fois les explications nous permettent de profiter au mieux de cet endroit, avec notamment cette vue imprenable sur la place. Cette « tribune » permettait au Shah d’assister à des parties de polo qui avaient lieu à l’emplacement actuel de la place. L’emplacement des poteaux y est d’ailleurs encore visible.
On nous montrera également un salon de musique assez intéressant, où les murs ont été creusés pour que l’acoustique soit parfaite.
C’est l’heure ensuite de faire une pause visite pour aller déguster une spécialité iranienne, la glace au safran. Très bon mais un peu écœurant sur la fin, c’est tout de même un parfum à retenir pour plus tard mais en plus petite quantité.
Nous passons ensuite par le Bazar pour continuer notre visite et voir quelques artisans locaux comme des décorateurs d’assiettes, des peintres sur feuilles d’arbre, des artisans qui travaillent le cuivre ou encore une compagnie qui crée des nappes décorées au tampon encreur.
La prochaine étape de ce tour est le palais Kakh-e Chehel Sotun ou palais des 40 colonnes. Le cadre est superbe et la bâtisse, bien qu’en rénovation (comme beaucoup de monuments en Iran) vaut le coup d’oeil. Il s’agit un peu de la chambre d’amis du Shah, une résidence accueillant les hauts dignitaires étrangers.
Le groupe commence à fatiguer et la fin de la balade serait la bienvenue. On nous emmène quand même dans le petit magasin d’un producteur de safran qui nous explique comment on passe d’une fleur à une épice très convoitée. L’Iran en est d’ailleurs un des plus gros producteurs du monde.
L’excursion se termine enfin par le restaurant recommandé par les guides de l’hôtel, mais pas très bon marché nous décidons avec Carolin de passer notre tour. Nous remercions notre guide pour la balade et même si elle n’a pas trop apprécié notre départ anticipé, elle nous aura fait passer dans l’ensemble une bonne journée. Ce tour était un peu long sur la fin mais c’était vraiment intéressant de pouvoir entrer un peu dans la culture islamique iranienne de cette manière.
C’est donc avec Carolin et un couple hispano-irlandais qui a aussi zappé le restaurant que nous allons déjeuner dans un restaurant recommandé par le célèbre hibou. Salade et jus, accompagnés d’une petite assiette de frites, ce n’est pas ici que nous mangerons local.
Quoique, nous nous sommes rendu compte au fur et à mesure que les iraniens sont plutôt friands de fast-food et consomment beaucoup de burgers, pizzas, falafels ou kababs.
Repus, fatigués et écrasés par la chaleur, nous décidons de rentrer à la Guest House. Après une leçon de négociation de Carolin, c’est en taxi que nous arrivons pour l’heure de la sieste.
Une fois reposés, nous décidons de sortir manger une petite glace à l’italienne histoire de prendre l’air.
Nous ne rentrons pas trop tard et en profitons pour discuter avec Mahi de la société iranienne. Elle nous dévoile qu’un grand nombre d’entre eux, surtout les jeunes, ne sont pas pratiquants voire même non croyants. Ils sont opprimés par la puissante police qui préfère traquer les comportements « immoraux » plutôt que les conducteurs qui grillent les feux rouges devant eux par exemple. Pourtant, underground il y a beaucoup de jeunes qui transgressent les codes dictés par les ayatollahs et elle nous parle même d’un endroit illégal à Ispahan. Tous les jeudis soir un genre de boîte de nuit ouvre ses portes et ce sont des familles entières toutes générations confondues qui viennent danser et s’amuser en oubliant un peu les codes vestimentaires obligatoires comme le Hijab. Dommage que nous repartions avant car Mahi nous proposait d’y aller avec elle et ses amis.
Nous sentons bien que la nouvelle génération, plus connectée vers l’extérieur, cherche petit à petit à se libérer mais la puissance des ayatollahs et de la police l’en empêche. Jusqu’à quand ?
Après cette discussion très intéressante, Emie la végétarienne et Carolin la vegan expliquent à Mahi ce qui peut se passer dans les abattoirs et toutes sortes d’autres choses horribles concernant l’élevage et la consommation de viande. Nul doute qu’après avoir vu quelques documentaires, Mahi deviendra elle-même végétarienne et pourra dire au revoir aux kababs.
Il est enfin temps de se coucher après cette nouvelle grosse journée et il ne nous faut pas longtemps pour tomber de sommeil.
12 juin 2019
Dernière journée à Ipahan, et après un petit déjeuner royal nous décidons de partir par nos propres moyens visiter d’autres points d’intérêt. Le programme sera d’aller en taxi jusqu’à la mosquée Jameh puis de redescendre à pied jusqu’à la guest house en passant par les visites à faire.
C’est donc par la plus grande mosquée d’Iran que nous débuterons notre journée. Aux alentours, des échoppes vendent comme toujours tout et n’importe quoi, et en parlant de n’importe quoi un marchand attire notre attention. Sur un bout de trottoir, celui-ci vend des petits animaux en cages. Il va sans dire que les cages sont minuscules mais chose improbable, il vend des poussins… colorés. Verts, bleus, roses, les poussins sont peints et sont vendus aux enfants. Un hérisson est même proposé aux acheteurs potentiels !
Après réflexion, nous n’achetons pas de poussins et continuons notre route pour entrer dans la mosquée Jameh. Et effectivement, nous sentons tout de suite que le lieu est immense et majestueux. Le dôme et les minarets sont incroyables et les salles de prière immenses.
Le centre de la mosquée est normalement utilisé pour les ablutions, mais aujourd’hui quelque chose se prépare. Des enceintes et des tapis sont installés et une fiesta en grande pompe semble s’organiser. Nous pouvons d’ores et déjà éliminer Beyoncé, Rhianna ou David Guetta de la liste, mais quelqu’un d’important prépare sa venue. Un guide nous annonce qu’il s’agit d’un politicien ou un religieux important qui vient faire un meeting, mais il n’en sait pas plus et cela n’a pas l’air de l’intéresser plus que ça.
La visite terminée, c’est par le bazar, couvert et ombragé que nous allons rejoindre la place Naqsh-e Jahan. Nous déambulons encore dans cette ambiance de marché aux épices et autres objets artisanaux qui cohabitent avec les bijoux, les habits ou les jouets made in China.
Nous retrouvons alors cette place majestueuse et allons en direction de la dernière mosquée que nous voulions visiter, la mosquée Cheikh Lotfollah. Celle-ci est fermée et ne rouvre qu’une heure plus tard, nous passons donc notre tour. De toutes façons nous sommes repus de mosquées !
C’est la direction des jardins du palais Hasht Behesht que nous prenons ensuite, et sur le chemin nous décidons de rentrer dans un fast-food pour manger des falafels. Encore une fois, manger local ici c’est aussi les fast-foods ! Même si le pain est un peu bourratif, le sandwich est bon et comble nos estomacs.
Une glace à l’italienne à la main, nous visitons les jardins de ce palais, très arboré et agréable par cette chaleur.
Ce parc est tout près du pont Si-o-Seh Pol, un des ponts uniquement piétons d’Ispahan, que nous empruntons pour passer la rivière et retourner à la Guest House. Nous y voyons une pauvre jeune iranienne se faire emmener par une ambulance après une chute dans les escaliers. La pauvre est en pleurs.
Nous passons ensuite l’après midi à ne rien faire à part la sieste.
Vers 18h, nous décidons de prendre une voiture jusqu’à la cathédrale de Vank et essayer de régler notre problème de carte SIM qui n’aura fonctionné qu’une journée. Malheureusement, nous sommes obligés d’en racheter une et désormais nous pouvons communiquer avec les guest houses, les guides et préparer notre itinéraire ailleurs que dans nos chambres.
La nuit tombe et nous en profitons pour aller voir une curiosité à Ispahan. En effet, la nuit tombée, les locaux affluent vers le pont Pol-e Khaju pour s’y installer, boire le thé, fumer la chicha et organiser des petits concours de chants.
Le cadre est magnifique et sous les arches de ce pont, nous assistons à quelques chants traditionnels. L’ambiance y est vraiment spéciale, et fait de ce lieu un passage obligé d’Ispahan.
Nous retournons alors à la guest house, et comme chaque soir, c’est autour d’un thé que nous continuons à discuter avec Mahi de son pays. Elle nous montre des vidéos de deux de ses amis qui viennent de se marier, et pour nous c’est extrêmement surprenant. En effet, la célébration du mariage est sensiblement la même que chez nous. Robe blanche pour la mariée, plus colorée pour ses témoins, costume noir pour le marié et ses témoins, ici pas de Hijab ou d’interdictions. Evidemment l’alcool ne coule pas à flot, mais dans un pays islamique où les codes sont si stricts, c’est vraiment surprenant de voir ce clip monté par des étudiants en art illustré par une musique de Bruno Mars.
Nous en profitons pour lui faire part de cet étonnement, puisque pour Emie, nous n’avons prévu que des tenues sombres et sobres. Elle nous montre alors une page Instagram, spécialisée dans la mode féminine en Iran. Tout est coloré, les tenues, les cheveux, les visages.
Mahi nous explique ensuite comment sont formés les couples. Comme nous, si les deux conjoints se connaissent depuis longtemps et sont déjà ensemble avant le mariage, pas de soucis. Par contre, si un homme veut se marier alors qu’il n‘a pas de compagne, sa mère sonde le quartier et ses amies pour savoir s’il n’y aurait pas une fille à marier. Une fois trouvée, les deux futurs conjoints se rencontrent avec leur famille respectives pour discuter dans un endroit neutre, comme un hôtel par exemple. S’ils ne se plaisent pas, chacun rentre chez soi et cherche ailleurs. S’ils se plaisent, les familles leur offre un week end pour se connaître et si tout va bien, ils se fiancent puis se marient.
Il faut enfin clore cette nouvelle belle journée, la dernière à Ispahan, et même si la première impression n’a pas été très bonne, finalement nous avons passé un bon séjour ici, en grande partie grâce aux discussions que nous avons eues avec Mahi.
Notre Guest-House : la ANAR Guest House : 15 euros la nuit (chambre double, salle de bain partagée, petit-déjeuner). Simple, mais réellement chez l’habitant, nous y avons passé un excellent séjour. Petit-déjeuner royal et discussions très intéressantes avec Mahi, une jeune iranienne qui nous a beaucoup aidé. Pas besoin d’hésiter !
Entrée mosquée Imam : 200 000 IRR /p
Entrée Ali Qapu Palace : 200 000 IRR /p
Entrée Chehel Sotun Palace : 200 000 IRR /p
Free Walking Tour : nous avons donné 500 000 IRR pour deux.
Mosquée Jameh : 200 000 IRR /p
Bus Ispahan – Yazd : 300 000 IRR /p (4 heures)
YAZD
13 juin 2019
Après un dernier petit déjeuner en compagnie de Mahi, nous lui faisons nos adieux et prenons un taxi pour le terminal de bus.
Nous prenons nos tickets et nous installons dans un bus VIP, un peu moins confortable que le précédent mais tout à fait correct.
Le trajet de 4h30 vers Yazd se passe sans encombre et nous arrivons à la station de bus de Yazd en fin d’après midi. Un homme se présente à nous et comme toujours à la descente d’un bus annonce « Taxi ? ». Son prix étant correct nous décidons de le suivre. Une femme descend du bus et l’accompagne aussi. Nous sommes quasiment certains que le bonhomme a profité d’être venu chercher sa femme pour rentabiliser son trajet. Peu importe, tant que tout le monde y trouve son compte cela ne nous pose aucun souci.
Nous arrivons ainsi au Kalout Hostel, une petite guest house plutôt sympa, très propre, mais un peu à l’abandon. Le proprio n’est pas là et ce sont les enfants qui gèrent aujourd’hui. Heureusement, il y a la prof d’anglais de la petite fille qui est là et nous pouvons prendre notre chambre et quelques informations.
En début de soirée, nous sortons prendre un peu la (très haute) température de l’ancienne ville de Yazd, considérée un peu comme les portes du désert. Comme souvent en Iran, tout tourne autour de la grande mosquée et du bazar. Le dédale de ruelles, les tours du vent, les habitations très typiques et l’atmosphère de ville du désert nous plaisent tout de suite.
Nous allons voir rapidement la mosquée et flânons dans le bazar « de luxe », où de belles boutiques d’objets artisanaux se côtoient.
La faim se fait sentir et nous allons tenter un restaurant recommandé par le Lonely Planet, le Silk Road. Sur le modèle de la maison traditionnelle iranienne, le restaurant (qui fait aussi hôtel) s’articule autour d’un point d’eau et le cadre est très sympa. Nous commandons la spécialité de l’établissement, un curry de poulet pour moi, un curry d’aubergine pour Emie avec évidemment une assiette de riz. Tout est vraiment délicieux et nous ne sommes pas déçus.
En rentrant à la chambre, le désormais passage obligé au marchand de glace à l’italienne (à 10 centimes d’euro la glace on ne va certainement pas se priver !) puis la soirée se termine tranquillement à la clim.
14 juin 2019
Nous nous levons tôt et le petit déjeuner englouti, nous nous dirigeons au Fazeli Hotel qui propose des Free Walking Tours de la ville. Toujours sur le principe du pourboire, la visite de la vieille ville de Yazd durera environ 1h30.
C’est donc Issa, le guide, qui accompagne ce matin le petit groupe de 6 touristes. Son anglais est assez difficile à comprendre pour nos oreilles pas forcément aiguisées, mais tout ce qu’on peut apprendre sur les différents endroits de cette ville sont intéressants. Yazd est une ville qui abrite bien sûr des musulmans, mais aussi une grande colonie de zoroastriens. Ces pratiquants vénèrent non pas une divinité mais plutôt les éléments de la nature, le feu en particulier.
Issa nous explique pas mal de choses sur cette religion, mais aussi sur les bâtiments importants de la ville comme la prison Alexandre le Grand, le mausolée des 12 imams, le vieux réservoir ou un vieux hammam qui attire mon attention puisque des massages traditionnels iraniens y sont dispensés.
Il nous explique aussi le fonctionnement des tours du vent, présentes partout dans la vieille ville, un système qui pourrait être considéré comme l’ancêtre de la climatisation.
Nous apprenons aussi qu’en Iran, les gens doivent compiler pas moins de trois calendriers dans leur quotidien. Le calendrier officiel solaire (ils sont en 1398), le calendrier islamique lunaire pour les prières et les fêtes religieuses (ils sont en 1440) et enfin le calendrier grégorien pour le business (nous sommes en 2019).
Le tour se termine au Friendly Hotel pour un thé et nous y retrouvons Carolin, la voyageuse allemande. Nous nous donnons alors rendez-vous un peu plus tard pour déjeuner ensemble, le temps que nous nous abritions de la chaleur dans la chambre climatisée.
C’est donc en milieu d’après midi que nous la retrouvons, mais après deux essais infructueux pour trouver un endroit où manger, nous nous retrouvons au Silk Road, où nous sommes sûrs de ne pas être déçus.
J’en profite alors pour goûter la bière islamique, présentée comme une bière sans alcool. En fait de l’eau gazeuse avec un extrait de malt. Flop.
Pendant le repas nous rencontrons un guide que nous avions remarqué à Ispahan. Il parle un excellent français et est plutôt fun. Il a enseigné la géologie à Grenoble et est fier d’être passé sur Arte pour un reportage sur la crise de l’eau en Iran. Il est également fier de nous dire qu’il roule en Peugeot. Il nous offre alors de nous chanter une chanson en français. Nous ne la connaissions pas, mais nous sommes impressionnés par la facilité avec laquelle il interprète cette chanson difficile.
Nous proposons à Carolin ensuite de réfléchir à nous accompagner lors de notre excursion aux alentours de Yazd demain, puis la quittons pour retrouver la fraîcheur de la chambre, faire une petite sieste et travailler sur le blog.
En début de soirée, nous ressortons dans les ruelles ocres de la vieille ville pour aller se renseigner sur les bus pour Kerman, notre prochaine destination, et aller payer notre excursion du lendemain. Là nous apprenons que le guide a trouvé d’autres personnes pour nous accompagner. Tant mieux puisque cela permet de partager les frais, mais tant pis pour Carolin qui ne nous accompagnera donc pas. Peut-être la recroiserons nous plus tard ?
Le coucher de soleil approche et au détour d’une ruelle, une partie de foot se déroule. Certains jouent pieds nus, en jean et chemise longue. Avec cette chaleur je n’ai pas du tout envie de les rejoindre !
Nous décidons plutôt d’aller sur le toit de la très belle vieille bibliothèque de Yazd pour y avoir une belle vue des hauteurs de la ville et les environs. Jus de citron à la main, nous profitons des belles couleurs que nous offre le coucher de soleil sur Yazd.
Nous retournons ensuite à la chambre pour vaquer à nos occupations et terminer la soirée tranquillement. Ou presque puisque trois couples iraniens sont arrivés à la guest house pour y fêter l’anniversaire de mariage de l’un d’eux…
15 juin 2019
Au programme du jour, une nouvelle excursion guidée. En effet, en Iran nous avons opté pour ce genre de visites puisqu’ici nous sommes conscients que nous n’allons pas être gavés de paysages grandioses (pour le moment on en est loins d’ailleurs), mais le côté culturel et historique de l’Iran est prépondérant dans un voyage ici.
C’est donc avec la même agence que le Free Walking Tour de la veille que nous partons autour de Yazd pour trois points d’intérêt, Karanagh, Chak Chak et Meybod. Nous partagerons l’excursion avec un couple slovaque, Tatiana et Tomas, et c’est à 8h30 que nous faisons connaissance avec Ali, notre guide pour la journée.
Le premier site de la journée est le village abandonné ou presque de Karanagh. La visite nous permet d’en savoir un peu plus sur la communauté zoroastrienne de l’époque, et le remplacement après l’invasion arabe et la conversion à l’Islam de tous les monuments religieux en mosquées. Tomas a l’air friand de photos type Instagram et s’en donne à coeur joie en mettant en scène sa femme dans les ruines de la cité.
La vue sur la vallée est également plutôt sympa, et nous découvrons que déjà à l’époque les habitants étaient inventifs puisque pour pallier aux tremblements de terre, certaines constructions comme le fameux « shaking minaret » étaient antisismiques !
Nous reprenons ensuite la voiture avec Ali pour prendre la direction de Chak Chak. Il s’agit du plus grand lieu de pèlerinage de la religion zoroastrienne du monde. C’est un peu la Mecque de ces pratiquants et fait exprès, le pélerinage a lieu pendant quatre jours à partir d’aujourd’hui ! La cité est donc interdite par la police aux non zoroastriens. Nous apprenons alors qu’en Iran, en plus de la carte d’identité, chaque citoyen doit avoir une carte où est mentionnée sa religion (musulmane, juive, chrétienne ou zoroastrienne).
Nous pouvons quand même apprécier la vue du bas de ce village construit à flanc de montagne, et même si nous sommes un peu déçus par la banalité de ce lieu de pélerinage, le détour en valait la peine. En tout cas, cela permet à nos amis slovaques de continuer à faire des photos Facebook de toute beauté.
Nous repartons avec Ali, qui nous glissera que sa femme le contrôle régulièrement en l’appelant pour savoir où il est, avec qui et pourquoi faire. Nous en serons d’ailleurs témoins à Meybod, notre dernière destination aujourd’hui. Ici, nous commencerons par la forteresse Narin, qui date de plusieurs centaines d’années. Nous déambulons avec Ali qui nous donnent pas mal d’informations sur la façon de vivre à cette époque, et sur la façon de s’habiller des zoroastriens, différente de celle des musulmans. Il nous fera également une confidence qui doit être tenue secrète (!). Il nous montre alors une maison et nous révèle qu’il s’agit de la maison où a été élevé le père de Benyamin Netanyaou, le premier ministre israélien, infâme ennemi de la République Islamique.
Nous continuons notre visite de Meybod avec le Yakchal, une construction qui servait à conserver la glace récupérée l’hiver pour le restant de l’année. L’entrée est payante et en entrant, nous nous sentons totalement floués. Il s’agit uniquement d’un trou profond et d’un haut dôme, et rien de particulièrement intéressant permet de relever le niveau. Aucun intérêt.
Bref, nous terminons la visite du jour par le caravansérail de Meybod, bien conservé et d’ailleurs toujours utilisé.
Nous retournons enfin à Yazd, au son des chansons de Céline Dion dont les iraniens (surtout les jeunes) sont fans.
Après cette excursion plutôt intéressante, nous n’avons pas envie de chercher longtemps de quoi manger et retournons au Silk Road. Un curry chacun plus tard, c’est l’heure de la sieste à la climatisation de notre chambre. Nous y sommes accueillis par les fêtards de la veille, qui même si pour nous n’ont pas fait énormément de bruit, veulent se faire pardonner en nous offrant une part du gâteau de l’anniversaire de mariage. Le marié me donne même ses coordonnées au cas où nous aurions besoin de quelque chose lors de notre voyage. Ils sont quand même sympas ces iraniens…
La sieste est bonne, mais le réveil est tardif et je manque donc l’heure pour aller faire mon petit massage traditionnel. Peut-être que ce ne sera que partie remise !
Une fois prêts, nous ressortons dans Yazd jusqu’au complexe Amir Chakhmaq.
Ici, nous avons prévu d’aller au Zurkaneeh, une salle de sport traditionnelle, où des sessions ont lieu régulièrement. Pendant plus d’une heure, nous regardons évoluer les athlètes de ce sport, qui n’est pas qu’un exercice physique. En effet, les athlètes exécutent des mouvements de musculation à l’aide d’appareils traditionnels ainsi que des mouvements de gymnastique, le tout au son du tambour, d’une cloche et des chansons épiques du meneur. Nous sommes bluffés par la force et l’endurance de ces athlètes, qui musclent leur corps mais travaillent également leur esprit avec des valeurs d’humilité, d’entraide et d’altruisme.
Après cette démonstration, nous retournons nous coucher afin de profiter une dernière fois des ruelles de Yazd avant de prendre le départ pour Kerman demain matin.
Notre Guest House : le Kalout Hostel, 15 euros la nuit avec petit-déjeuner. Si vous voulez être tranquilles c’est là qu’il faut venir. Personne ou presque, même le proprio est absent. Sa femme mène la boutique mais n’est pas très avenante, contrairement à ses compatriotes. Très propre et cadre sympa quand même, bien situé.
Free Walking Tour : au Fazeli Hotel, environ 1h15 de balade dans les rues de Yazd, nous avons donné 500 000 pour nous deux.
Tour Karanagh / Chak Chak / Meybod : 900 000 IRR/p (sans les entrées)
Entrée Karanagh : 150 000 IRR/p
Entrée forteresse Narin (Meybod) : 150 000 IRR/p
Entrée Yachkal (Meybod) : 150 000 IRR/p
Whatsapp guide Yazd : +98 9138515504
Entrée au Zurkaneeh : 150 000 IRR/p
Bus Yazd – Kerman : 300 000 IRR/p (5h30)
KERMAN ET LE DÉSERT DES KALUTS
16 juin 2019
Nous quittons notre désertique guest-house tôt ce matin. Nous faisons appel à un chauffeur pour nous emmener à la station de bus et en chemin, il nous montre les photos d’un bébé. Nous ne parlons pas farsi et il ne parle pas anglais, mais en déduisons qu’il s’agit de sa nièce et qu’elle lui manque. Avant de le quitter, il nous laisse un mot avec un numéro de téléphone pour le cas où nous aurions besoin d’aide. Une chose est sûre nous repartirons d’Iran avec un paquet de numéros de téléphone !
Nous prenons donc le bus en direction de Kerman, où nous attend le guide qui va nous accompagner deux jours dans le désert des Kaluts.
Après un peu plus de 5h de route, nous rencontrons donc Mansour, qui parle très bien le français même si c’est plutôt en anglais que nous communiquerons. Il nous emmène d’abord récupérer à manger dans une échoppe qui fait à emporter, puis allons déjeuner dans sa confortable guest-house. Une fois repus, nous attaquons directement par l’excursion et prenons sa voiture direction le désert des Kaluts à deux bonnes heures d’ici.
Sur la route, nous découvrons de jolis paysages de montagnes et Mansour n’est pas avare en explications géologiques. Nous sommes d’ailleurs prévenus, cette excursion sera le sommet de notre voyage en Iran !
Après avoir passé un col à plus de 2000 m, nous redescendons rapidement et approchons le désert. Le pare-brise est très chaud et suggère une température extérieure intolérable. Il s’agit quand même d’un des endroits les plus chauds et secs de la planète ! Il y a déjà été enregistré 70°C…
Mansour nous explique pas mal de choses sur ce désert. Le paysage change à mesure que nous roulons. Il s’agit d’abord de quelques arbres à épines, qui ont l’avantage de ne pas avoir besoin de beaucoup d’eau pour vivre et de stopper le sable lors de tempêtes, ce qui protège les oasis. La butte de sable qui s’accumule autour de l’arbre et qui parfois même l’ensevelit complètement forme ce que Mansour appelle des nebkas.
Ensuite, ce sont de petits graviers sur plusieurs kilomètres. Ces petits graviers irradient la chaleur reçue par le soleil, ce qui contribue à la chaleur intense dans ce désert. Enfin, nous découvrons les Kaluts, des formations entièrement composées de boue desséchée. Pas une pierre ni rocher une fois les Kaluts atteintes et seul le sel omniprésent nous permet d’imaginer qu’il y a plusieurs milliers d’années, tout ceci était sous un océan.
Nous dépassons la dernière oasis, Shafiabad, et s’ouvre alors une route tracée droite qui traverse le désert. Cette route est à nous seuls et paraît sans limites. Ou plutôt si puisque lors des dernières pluies qui ont provoqué des inondations meurtrières dans le sud iranien, la route s’est affaissée et est donc coupée.
Enfin, le soleil est un peu plus bas et Mansour s’arrête pour nous faire faire une balade à pieds dans le désert. À pieds est le mot juste, puisqu’il nous demande d’enlever nos chaussures pour sentir et absorber l’énergie de la Terre. Nous sentirons surtout la chaleur intense du sol et Emie s’en sortira avec quelques cloques, mais la petite balade nous permet d’assister à un spectacle grandiose. Le coucher de soleil au milieu des Kaluts nous offre un paysage martien et les couleurs de cette heure de la journée en font un moment magique. À cet instant nous sommes seuls sur la planète et profitons du calme absolu.
Pendant le retour à la voiture, nous dérangeons une énorme araignée jaune qui s’enfuit à une vitesse impressionnante. Nous passons également sur une rivière de sable apporté par le vent responsable de la formation des Kaluts, puis sur une étendue de boue tellement sèche et compacte qu’elle donne l’impression de marcher sur de la céramique. Mansour prend autant de photos que si c’était la première fois qu’il venait. Il nous précise qu’il est passionné par le lieu et que pour lui c’est à chaque fois différent. Il n’hésite d’ailleurs pas à prendre des risques pour prendre la meilleure photo Facebook/Insta possible.
Il est ensuite temps de repartir de cet endroit qui restera certainement dans nos coups de coeur iraniens, et de retourner à Shafiabad pour y passer la nuit.
Sur la route, nous nous arrêtons prendre le thé au milieu de nulle part, ce qui nous permet de discuter avec Mansour à la seule lumière du clair de lune. Cet ancien instituteur nous parle de l’Iran, des difficultés économiques actuelles, du chômage et de la pauvreté qui s’installe.
Nous sommes ensuite accueillis par une famille, et après une bonne douche, pendant le repas, nous continuons à discuter avec notre guide de ce qu’il y a à faire à Kerman et aux alentours. Il nous propose une visite de Mahan et Reyen, ce que nous acceptons volontiers. Nous verrons plus tard que nous faisons là une erreur qui gâchera un peu ces très bons moments.
Enfin, il faut aller se coucher puisque demain matin, le réveil sonnera à 4h30 du matin pour une sortie en 4×4 dans les Kaluts.
17 juin 2019
La fatigue accumulée et la chaleur subie ces derniers jours rend le réveil difficile. Après une rapide toilette, nous prenons place dans le 4×4 d’Ayoub, un des garçons de la famille qui nous accueille. Après une petite heure de piste nous arrivons sur un site une nouvelle fois incroyable. Le calme, le paysage magnifique et les couleurs au lever du soleil font oublier le réveil très matinal. Pendant plus d’une heure et demi, nous allons de sites en sites, à grimper sur les Kaluts ou descendre des rivières de sable. La température est idéale et cette matinée nous enchante.
Une fois gavés de Kaluts, nous retournons en direction de Shafiabad. Sur la route, Mansour nous fait découvrir un système de tunnels permettant de faire arriver l’eau de la montagne jusqu’à l’oasis. Le plus grand tunnel fait plus de 70 km. Sachant que ce système date de plusieurs centaines d’années, on peut aisément mesurer la difficulté de la tâche avec les outils de l’époque et dans cet environnement hostile. Ces Qanats fonctionnent encore et permettent également d’offrir un abri de la chaleur aux agriculteurs ou aux éleveurs de l’oasis.
Enfin, nous terminons ce début de matinée par l’ancien caravansérail, en cours de réhabilitation.
Nous allons ensuite prendre un petit déjeuner bien mérité, avant de quitter la petite famille très accueillante de Shafiabad.
La suite de la journée, après un peu moins de deux heures de route, nous amène à Mahan. Ici, nous passons rapidement devant un très joli mausolée puis allons dans les jardins Shahzadeh, construit sous la dynastie Qadjar, plus connue pour flamber et penser à se divertir plutôt qu’à gouverner. L’endroit est majestueux, avec ses bassins en cascades et ses arbres qui permettent de se promener à l’ombre. On imagine parfaitement les nobles et la famille princière se prélasser dans ces jardins.
En haut des jardins, Mansour nous offre une boisson locale à base de graines de chia, de menthe et de sucre (tout en Iran est trop sucré !).
Nous redescendons à la voiture et prenons la direction de Rayen à quelques 65 kms de là. C’est l’heure de déjeuner et nous entrons dans un restaurant grande classe. La déco en marbre et le mobilier (encore sous plastique) font vraiment kitch à souhait. Mais le proprio est très sympa, la cuisine est bonne et carrément donnée. Nous y rencontrons d’ailleurs un hollandais avec son guide. Ce hollandais parle un français impeccable et nous lui demandons où il a appris notre langue. Il nous annonce alors qu’il est marié à une française et que par amour, il l’a suivi à… Montceau les Mines ! Improbable. Nous nous gardons de lui faire remarquer qu’il devait vraiment l’aimer pour quitter les Pays-Bas et aller croupir en pays minier (désolé pour tous les montcelliens !).
Après cette brève discussion nous allons à la citadelle de Rayen. Nous y croisons deux parisiens avec leur guide, puis dans la citadelle abandonnée un renard qui a élu domicile ici. La citadelle en elle-même est plutôt intéressante à voir, mais la fatigue commence à cerner les touristes que nous sommes et notre guide Mansour. Il nous expliquera quand même les différentes parties de la citadelle, avec le quartier des pauvres (celui des « gilets jaunes » comme nous glissera notre guide), celui des nantis et celui du roi.
Il est enfin temps de rentrer et la route paraît un peu longue. Nous arrivons à la guest house de Mansour et après un petit repos autour d’un thé, nous décidons de partir pour laisser Mansour se reposer. Là, le malaise commence. Nous le payons ce qui était convenu (150 euros) et notre guide nous demande une rallonge de 30 euros pour la visite de Mahan et Rayen. Nous sommes tellement choqués que nous payons sans rien dire. Nous quittons ensuite froidement Mansour, qui nous avait pourtant fait passer jusque là deux jours incroyables, mais c’est la déception qui l’emporte à cet instant.
Nous allons nous poser dans un café, la tête basse, ruminant cette déception humaine et réfléchissant à ce qui a pu se passer. Lors du dîner dans le désert, nous avons demandé à Mansour ce qu’il y avait à faire à Kerman et il nous a parlé de Mahan et Rayen. Il nous a proposé de nous emmener et nous avons accepté. Et l’erreur de communication vient de cet instant précis. Il ne nous a jamais dit qu’il y aurait un extra pour ces visites, et nous ne lui avons pas demandé non plus. Les torts sont partagés mais nous ne pouvons pas rester comme ça. Nous décidons donc de lui envoyer un message pour lui faire partager notre amertume par rapport à la situation et lui donnons rendez-vous à la station de bus pour que nous nous expliquions. Ce qu’il a accepté volontiers.
Nous terminons notre limonade, puis prenons une voiture pour nous emmener à la station de bus. Les vingt minutes qui suivent deviennent alors pour nous le premier jour du reste de notre vie. En environ vingt minutes, nous avons failli mourir quinze fois. La conduite de notre chauffeur, très gentil au demeurant, est totalement inconsciente. Le tout en regardant son téléphone et répondant à ses messages. Quand il a su que nous étions français, il s’est mis en tête d’appeler un de ses anciens clients français. Après une brève conversation avec Jordy, le français qui a aussi survécu à la conduite de cet iranien, nous sommes obligés d’être fermes et de demander au pilote de ralentir et de faire attention. Pas rancunier, à l’arrivée à la station de bus il refuse le paiement et nous offre l’hébergement chez lui. Nous refusons poliment et lui payons de force sa course. Nous sommes quand même quittes pour lui donner notre numéro Whatsapp et sommes donc certains d’être un jour ou l’autre rappelés par un français risquant sa vie dans la voiture de ce fou du volant.
Après ces émotions, nous allons prendre notre ticket de bus et attendons Mansour. Nous le rencontrons sur le parking et nous nous expliquons tranquillement. Il comprend la situation, nous rembourse l’extra et nous demande de rester à sa guest house en guise de cadeau. Sa sincérité est palpable et avoir réglé ce souci nous permet d’avoir l’esprit tranquille. Fidèles à nous-mêmes, nous voulons pas nous priver, être généreux, mais nous ne voulons pas être naïfs non plus. Comme toujours, nous ne sommes pas là pour payer le moins possible mais les choses ont une valeur. Mansour a bien compris que la situation embarrassante venait d’un malentendu et d’une mauvaise communication de notre part mais aussi de la sienne, et c’est finalement en bons termes que nous nous quittons.
Cette soirée riche en émotions se termine dans le sleeping bus pour Shiraz, un bus au décor néon rouge et lino motif girafe, plus proche du quartier rouge d’Amsterdam que d’un bus iranien.
Tour désert des Kaluts : 150 euros pour les deux (tout inclus). Mansour est un super guide et nous a fait passer deux super journées. Attention quand même à bien demander ce qui est inclus dans le tour…
Son numéro Whatsapp : +98 913 346 1191
Bus Kerman – Shiraz : 600 000 IRR/p (un peu plus de 8h)
SHIRAZ ET PERSEPOLIS
18 juin 2019
Nous arrivons très tôt à Shiraz en ayant très peu et très mal dormi dans le bus. Un taxi plus tard, nous arrivons au Sorhab Hostel, une guest-house que Carolin, que nous devrions retrouver ici, nous a conseillée.
Hossein, le jeune gérant, nous accueille et malgré l’heure très matinale nous permet d’utiliser la chambre que nous avons réservée pour nous reposer du trajet.
Nous terminons notre nuit et Hossein nous propose de déjeuner à l’hôtel. C’est plutôt pratique de ne pas avoir à chercher de quoi manger et nous acceptons volontiers. C’est en compagnie de Carolin que nous dégustons une galette de pommes de terre écrasées avec des oignons et quelques légumes. Nous proposons ensuite à l’allemande de nous accompagner pour le coucher de soleil au lac Maharloo. Elle accepte et nous nous donnons rendez-vous après la sieste.
De toutes façons, la chaleur écrasante ne permet pas de faire quoi que ce soit l’après midi.
Vers 17h30, c’est donc avec un chauffeur et accompagnés de Hossein que nous allons voir cette curiosité appelé plus communément le lac rose. Après une bonne heure de route, nous découvrons le lac Maharloo, et effectivement la couleur rose de l’eau est impressionnante. Le lac est salé, et les étendues blanches de sel qui bordent ce lac accentuent encore plus le rose de l’eau.
Nous allons ainsi sur plusieurs points de vue et la lumière du coucher de soleil nous permet de bien profiter du paysage. Belle surprise.
Nous rentrons ensuite à l’hôtel, et sur le chemin nous passons au supermarché pour acheter de quoi cuisiner ce soir. Au menu, spaghettis à la tomate et aux courgettes.
Nous en faisons dix fois trop et savons déjà que nous en remangerons demain soir. Nous partageons le repas avec Carolin et Hossein, et discutons un peu de ce qui se passe en Iran, surtout par rapport au chômage galopant et la Révolution Islamique.
Hossein nous confirme ainsi ce que nous avions lu. La révolution a d’abord été une contestation des étudiants, des syndicats et des différentes franges de la société qui n’avait rien à voir avec la religion. Au moment de l’abdication du Shah, les islamistes ont pris le pouvoir et écarté (synonyme ici de remplacé, emprisonné ou exécuté) les membres éminents des autres corps de cette contestation et ont finalement appelé ce changement la Révolution Islamique.
En tout cas, à chaque fois que nous parlons avec un iranien, nous n’abordons jamais la question préoccupante d’une éventuelle guerre avec les américains. Il ne nous parlent que du twittos débile et de ses sanctions qui les prennent à la gorge, mais ils n’ont pas l’air inquiets ou même concernés par une éventuelle guerre. Peut-être que les médias ici n’en parlent pas ou censurent ce genre d’information, mais aucune tension n’est palpable.
Dans un registre plus léger, Hossein nous apprend également que dans le langage commun ici, plus de 1200 mots sont empruntés au français, comme « merci », « ascenseur » ou « manteau ». Cela vient du fait qu’avant la Révolution Islamique de 1979, les relations entre les iraniens et les français étaient assez étroites et les échanges étaient monnaie courante.
Un peu de vaisselle plus tard, il est temps de rentrer à la climatisation de la chambre pour passer une vraie bonne nuit de sommeil. Et ce même si elle sera courte puisqu’il faudra se lever tôt pour aller visiter le site antique de Persepolis.
19 juin 2019
Lever matinal, petit-déjeuner de champions, toilette rapide et nous voilà dans une voiture en direction des ruines de Persepolis.
Là-bas, nous nous offrons les services d’un guide afin d’appréhender un peu mieux l’histoire de ce lieu mythique. Cette cité fut la capitale de l’empire perse dédiée aux célébrations et a été construite en 521 avant JC. Le faste de cette cité a pris fin lorsqu’Alexandre le Grand l’a réduite en cendres en 331 avant JC. Entre temps, les rois Achéménides se sont succédés et que ce soit Darius le Grand ou Xerxès Ier ils ont participé à la grandeur de l’empire et de Persepolis.
Les explications de notre guide sont précises et très intéressantes. Petite anecdote amusante, nous passons devant un bas-relief gravé où des soldats avec des piques sont en rang. La guide nous indique qu’il s’agit là de la représentation de l’armée des Immortels, nom qui vient du fait que le nombre de ses soldats était fixe et qu’à chaque perte d’une unité il était remplacé numériquement, si bien qu’on avait l’impression qu’ils ne mourraient jamais. De plus, ces soldats étaient entraînés dès leur plus jeune âge. Les fans de Game of Thrones y verront un parallèle troublant avec l’armée des Immaculés.
Nous rencontrons également les deux parisiens que nous avions vu à Reyen, et leur guide francophone me trouve une ressemblance avec Alain Delon. Je ne peux m’empêcher de lui rétorquer que je ressemble plutôt à Alain Deloin.
Il est temps de quitter notre guide puisque l’engagement initial est de 70 minutes, et pas une de plus. Nous terminons donc tranquillement la visite seuls, puis retournons à la voiture.
Le chauffeur nous emmène ensuite à Necropolis, mais nous n’avons pas envie d’y entrer. Nous voyons très bien les tombeaux creusés dans la roche depuis l’extérieur.
Nous retournons donc à l’hôtel pour retrouver le frais et attendons le déjeuner. Après une assiette de riz aux lentilles et aux raisins, nous travaillons un peu sur le blog et allons faire la sieste.
En fin d’après midi, nous ressortons pour nous dégourdir un peu les jambes. Près de l’hôtel, nous nous baladons dans un marché où nous ne croiserons aucun touriste. Nous avons l’impression d’être un peu des extra-terrestres et sommes examinés sous toutes les coutures. Les fruits et légumes donnent envie et nous achetons des pêches. Les odeurs de marché populaire sont bien présentes, surtout au niveau des étals de poissons qui ne sont ni dans la glace, ni au frais. Notre décision est prise, nous ne mangerons pas de poisson à Shiraz.
Nous retournons ensuite à l’hostel pour y terminer les spaghettis, et la soirée se termine après un petit thé dans le patio.
20 juin 2019
Notre dernière matinée à Shiraz commence par le petit-déjeuner classique en Iran (Tomates, concombres, fromage, pain et miel, pastèque). Nous prenons ensuite une voiture pour aller visiter l’attraction de Shiraz, la mosquée rose.
Elle tient ce nom de ses faïences où une rose y est représentée à chaque fois, ce qui donne à l’ensemble des murs et plafonds une teinte rosée. La mosquée est magnifique et la salle de prière dont les fenêtres sont composées de vitraux de couleurs est illuminée par le soleil du matin.
La salle est très belle et la lumière la sublime, mais nous avons l’impression d’être dans un studio photo. C’est séance shooting de toutes parts. Les trépieds et les perches à selfies sont de sortie et les poses et mises en scènes sont dignes des plus grands photographes. Impossible donc de profiter du lieu sereinement puisque les gens attendent de pied ferme pour avoir leur photo souvenir.
Nous faisons ensuite un tour à la boutique de la mosquée, puisque religion ou pas, les affaires sont les affaires. Nous y voyons des choses un peu bizarres, comme des libellules dont les ailes ont été peintes avec des scènes du Coran, ou encore des petits coffres à bijoux taillés dans de l’os de chameau.
Nous ressortons et allons nous balader dans le bazar.
Nous terminons notre matinée par une petite glace au pied de la citadelle de Shiraz, puis prenons une voiture pour rentrer à l’hôtel. Le chauffeur ne connaît pas du tout la route et après plusieurs détours, c’est nous qui sommes obligés de le guider.
Il est temps de faire les sacs, et après un déjeuner copieux, Hossein nous appelle un taxi pour le terminal de bus.
En effet, notre prochaine étape va nous mener à Zarabad dans la vallée d’Alamut, où nous poserons nos sacs pendant 4 ou 5 jours afin de profiter du calme d’un village de montagne, et surtout perdre une dizaine de degrés et retrouver un air frais qui va faire beaucoup de bien.
Notre guest-house : le Sorhab Hostel : 15 euros la nuit avec petit-déjeuner. Très récente et peu connue, cette guest house est très calme et le cadre est vraiment agréable. Les chambres sont spacieuses et Hossein, le gérant, est vraiment sympa et peut arranger des tours et les bus. On peut même y déjeuner (plats entre 150 000 et 250 000 IRR), ce qui est plutôt pratique.
Excursion au lac rose : 10 euros la voiture (chauffeur seulement)
Excursion à Persepolis : 12 euros la voiture (chauffeur seulement)
Entrées à Persepolis : 200 000 IRR/p
Guide à Persepolis : 850 000 IRR pour 70 mn
Entrées à la mosquée rose : 300 000 IRR/p
Bus Shiraz – Qazvin : 800 000 IRR/p (15h)
ZARABAD ET LA VALLÉE D’ALAMUT
20-21 juin 2019
C’est donc en début d’après midi que nous embarquons dans un bus VIP pour Qazvin, dans le nord de l’Iran. Le bus est confortable, un moindre mal puisque ce ne sont pas moins de 15 heures de bus qui nous attendent. Nous arrivons plutôt bien à dormir et c’est avec surprise que nous nous voyons arriver en pleine nuit à Qasvin.
Le terminal est désert et nous nous allongeons sur les sièges en salle d’attente, prêts à terminer notre nuit.
Quelqu’un nous surprend alors et plutôt que de nous virer, il nous propose d’aller dormir dans la salle de prière du terminal. Parfait, les tapis sont plutôt confortables et on y est au calme. Bon nous sommes séparés puisque comme dans toute salle de prière qui se respecte, les hommes et les femmes sont séparés par un rideau, mais nous pouvons tout de même finir notre nuit tranquillement, bercés parfois par la douce prière de quelques fidèles de passage.
Vers 7h00, nous nous levons et contactons notre point de chute à Zarabad, la Seven Guest House. Anita, la proprio nous propose de nous envoyer un chauffeur ce que nous acceptons volontiers. Haddi se présente alors 10 mn plus tard et c’est avec lui que nous allons combler les deux heures de route pour Zarabad.
La petite route de montagne nous permet de profiter de paysages que nous n’avions encore pas vus jusqu’ici, comme des montagnes et des rivières, de petits villages accrochés à flanc de colline ou encore des rizières. Nous sentons d’emblée que nous allons nous plaire dans le coin. Passer un peu de temps dans la tranquillité et le calme avant de reprendre le travail devrait être très bénéfique.
Notre chauffeur Haddi déborde d’énergie, met de la musique iranienne et nous fait profiter de ses talents de danseur et de chanteur. Il nous donne également des infos sur ce qu’il y a à faire dans le coin, sans oublier bien sûr de proposer ses services puisqu’il faut bien bosser.
Enfin, nous découvrons notre hébergement et la première impression est très bonne. Anita et Milad, ainsi que leurs petites filles Melody et Monelly, nous accueillent dans leur petit havre de paix au milieu des poules et des cerisiers. Nous déjeunons dans la belle et spacieuse pièce à vivre, bercés par le bruit des oiseaux et des pics-verts, le tout avec une vue sur la montagne. Au menu, riz bien entendu, mais aussi une superbe truite venant de l’élevage tout proche. Nous sommes certains cette fois que le poisson est frais et nous nous régalons.
Nous passons ensuite notre après-midi à ne rien faire à part la sieste et bouquiner, et il y a de grandes chances que le programme de ces 4 ou 5 prochains jours soit le même.
En fin d’après midi, nous décidons de sortir rapidement faire le tour du village, où à part une jolie mosquée il n’y a rien à signaler, puis revenons pour le dîner.
Sans avoir forcément faim, nous engloutissons tout de même notre assiette de riz à la tomate et aux pommes de terre, puis passons la soirée à travailler sur le blog et à bouquiner avant d’aller nous coucher dans le silence de la montagne.
22 juin 2019
Nous nous levons bien reposés et après le petit-déjeuner traditionnel, nous chaussons les baskets pour aller marcher un peu. Sur les conseils d’Anita et de Haddi le chauffeur, nous avons décidé d’aller voir le lac d’Evan, à 1h30 de marche de Zarabad.
Bon en Iran il n’y a pas (ou très peu) de sentiers de randonnées comme nous pouvons en avoir en France, et c’est donc sur la route, ou plutôt le chemin principal que nous marcherons.
Nous passons devant l’élevage de poissons, puis dans des villages déserts ou presque.
Nous remarquons d’ailleurs que les villages du coin semblent commencer à se transformer et nous avons l’impression que deux époques se superposent. Parmi les vieilles et simples baraques aux murs recouverts de boue séchée se construisent de véritables villas, et le contraste est criant lorsque nous croisons des habitants dans des voitures, des motos, mais aussi sur des mules.
Après une heure et demi de marche, nous arrivons au lac d’Evan. Il s’agit plus d’un étang qu’un lac, et nous nous apercevons qu’il s’agit d’un lieu de détente pour les locaux. Aires de pique-nique et pédalos, tout y est pour que les familles viennent s’y détendre le week-end.
Encore une fois, le contraste entre modernité et ruralité se manifeste puisqu’au milieu de ces installations, nous devons laisser passer un troupeau de chèvres et de moutons guidé par des bergers.
Nous faisons le tour du « lac » puis rebroussons chemin jusqu’à la guest house pour y déjeuner. Au menu cette fois, du riz (!) mais aussi un mirza ghasemi, une purée d’aubergine, de tomate et d’ail vraiment excellente. Repus, nous nous installons pour notre programme de l’après midi, ne rien faire et profiter du calme. Mais aujourd’hui le voisin en a décidé autrement. Il s’est mis en tête de tondre son terrain et c’est avec le bruit de fond de sa tondeuse que nous passerons l’après midi. Dommage, mais même si c’est un peu gênant, cela ne gâche quand même pas notre plaisir à glander.
Le dîner arrive et cette fois nous nous régalons avec un bol de haricots à la tomate, au maïs et aux poivrons. La cuisine d’Anita est vraiment excellente et les plats sont variés.
La soirée se passe enfin au calme absolu, à part le chant des moineaux et les martèlements des pic-verts qui ont élu domicile dans l’arbre d’en face.
23 juin 2019
Notre petit-déjeuner iranien englouti, c’est avec Haddi que nous avons rendez-vous aujourd’hui.
Notre énergique chauffeur-danseur nous emmène d’abord sur les routes de montagne en direction du château d’Alamut. Ces ruines témoignent d’un passé lointain où une secte de mercenaires et d’assassins régnait sur la vallée. Cette secte a d’ailleurs inspiré le célèbre jeu vidéo Assassin’s Creed.
Nous arrivons au pied de la montagne que le château surplombe et nous quittons Haddi. Une petite heure de marche et de marches nous attend, et par cette chaleur tout devient difficile. Difficulté qui ne s’atténue pas avec l’altitude puisque nous sommes ici à plus de 2000m.
Nos efforts sont récompensés, non pas par le château en lui-même qui n’est que ruines en rénovation et n’a que très peu d’intérêt, mais plus par la vue que nous offre l’endroit. Nous surplombons une partie de la vallée, le tout avec des sommets enneigés au loin et cela suffit à notre bonheur.
Il est ensuite temps de redescendre et de retrouver Haddi, qui comme tous les chauffeurs habitués des lieux trouvent toujours des gens avec qui tailler le bout de gras.
La seconde étape de notre matinée est un canyon. Nous nous baladons ici accompagné de notre chauffeur iranien dans un lieu certes pas exceptionnel, mais agréable quand même.
Après le selfie habituel qui servira de carte de visite au Snoop Dogg d’Alamut pour les prochains touristes, nous reprenons la route de la 7 guest-house.
En chemin, un poids lourd s’est mis en travers de la route et notre pilote a du passer dans un trou de souris pour éviter l’attente interminable d’un éventuel dépannage du camion. Cela rapportera malheureusement une belle rayure à Haddi, mais un coup de Polish et il n’y paraîtra plus !
Le déjeuner est encore excellent et encore très copieux. Nous terminons quand même notre assiette, et une petite douche plus tard, c’est un après midi sieste et livres au calme qui nous attend.
Et même si le dîner n’est cette fois pas à notre goût, c’est plutôt à nous qu’il faut en vouloir puisque Milad nous sert une spécialité que nous connaissons et que nous n’aimons pas, le Kashke O Bademjan (aubergine et crème fermentée). Nos hôtes sont gênés mais nous les rassurons. C’était à nous de demander ce qu’Anita prévoyait de cuisiner pour pouvoir la prévenir.
La soirée se termine au son des grillons, avant une bonne nuit de sommeil dans le calme de la montagne.
24 juin 2019
C’est notre dernier jour dans ce petit village de Zarabad. Après un bon petit-déjeuner, nous partons sur les conseils d’Anita pour une petite marche dans la montagne.
Le chemin est très agréable et après nous être enfoncés dans des petites parcelles cultivées, nous décidons de longer la rivière.
Nous sommes récompensés puisque pendant une bonne heure, nous marchons dans une belle vallée au son de la rivière qui descend de la montagne ne rencontrant quasiment personne à part un serpent traversant juste devant nous.
Après une petite halte dans cette vallée à l’ombre d’un arbre, nous décidons de rebrousser chemin et de rentrer à la Seven Guest House.
Le déjeuner est excellent (riz, choux, oignons, safran) et après une sieste, nous attaquons le programme de l’après midi, essentiellement composé de lecture et de repos. Nous décidons alors de ne pas suivre les conseils de notre chauffeur. Il nous proposait en effet de nous emmener à Rasht par la route de la mer Caspienne, mais le prix demandé est un peu trop élevé pour nous. Nous irons donc en bus depuis Qazvin.
La soirée commence par le dîner fait de lentilles et de pommes de terre, puis l’heure d’aller se coucher arrive.
Demain, nous repartons avec Haddi pour Qazvin, et prendrons le bus pour aller à Masuleh, un autre petit village de montagne, mais sans doute plus touristique.
Notre guest house à Zarabad : la Seven Guest House : 25 euros la nuit, plats entre 2 et 3 euros. Tenue par Anita et Milad, un véritable havre de paix au milieu de la vallée d’Alamut. Un excellent camp de base pour explorer la vallée, tout y est propre, bien tenu, agréable. La cuisine d’Anita est vraiment excellente et Milad est toujours aux petits soins. Arrêt impératif si vous êtes dans le coin.
Taxi Qazvin – Zarabad : demandez Haddi à Anita, 1 200 000 IRR
Entrée Château d’Alamut : 150 000 IRR /p
Excursion avec Haddi dans la vallée : 1 500 000 IRR
Bus Qazvin – Rasht : 230 000 IRR/p
MASULEH – QUAZVIN
25 juin 2019
C’est une journée transport qui nous attend. D’abord Haddi nous ramène à Qazvin, mais c’est un Haddi un peu moins fringuant aujourd’hui. Il doit être un peu déçu que nous n’allions pas à Rasht par la mer Caspienne, mais c’est quand même avec le sourire et quelques pas de danse que nous arrivons à Qazvin.
Malheureusement, le prochain bus pour Rasht n’est que dans 3 heures, et c’est dans le terminal que nous devons poireauter.
Le trajet pour Rasht nous paraît ensuite interminable, alors que seulement 3 heures nous en sépare. La faute certainement au bus pas très confortable, bondé, et le tout dans la fournaise.
Nous arrivons donc à Rasht en fin d’après midi, et vu l’heure et le prix carrément abordable, plutôt que de prendre les taxis collectifs nous décidons de prendre un taxi classique jusqu’à Masuleh.
Au bout de deux heures de route, nous arrivons à ce petit village construit à flanc de montagne. Une montagne cette fois où la végétation est un peu plus dense et verte qu’à Alamut.
Il ne nous faut pas plus de 30 secondes pour être alpagués par un rabatteur et nous le suivons pour voir la chambre qu’il nous propose. En fait, c’est un petit appartement qu’il nous présente et après négociation, nous arrivons à peu près au prix que nous nous étions fixé. La journée a été longue et nous n’avions pas très envie de chercher trop longtemps.
Nous posons les sacs et même si nous sommes fatigués, nous décidons de sortir voir ce village typique de plus près.
Nous montons dans la ruelle principale et nous sentons tout de suite que ce n’est pas forcément ce que nous recherchons. Les boutiques de souvenirs et restaurants pullulent, au moins autant que les touristes iraniens qui ont envahi les lieux. Photos en faux costume traditionnel, selfies avec la montagne sur les toits terrasse, tout y est pour que Masuleh soit cette attraction touristique que nous n’aimons pas beaucoup. Nous étions plus ou moins avertis, mais le charme de ce village est un peu gâché par l’utilisation des maisons typiques qui y est faite. Dommage.
Nous mangeons quand même dans un de ces restaurants, et comparé à la cuisine d’Anita à Zarabad, nous ne pouvons qu’être déçus.
Nous retournons ensuite à l’appartement pour une bonne douche et une bonne nuit de sommeil après cette longue journée de transports.
26 juin 2019
Ce matin, c’est avec une omelette à la tomate et un thé pas très bons que nous petit-déjeunons.
Nous partons ensuite à l’assaut de la montagne en face de Masuleh, pour nous dégourdir les jambes et essayer d’avoir une vue sympa du village.
Le problème, c’est que la forêt nous entoure sur des kilomètres carrés, mais le sentier lui est en plein soleil ! Nous gravissons donc malgré la chaleur ce sentier et après une heure et demi de marche, nous nous posons au pied d’un arbre pour profiter de l’ombre et du cadre paisible et très agréable du coin.
Une fois reposés et rafraîchis, nous redescendons à Masuleh pour y déjeuner. Brochette de poulet pour moi et Mirza Ghasemi pour Emie, le tout arrosé d’une bière islamique au citron (en fait un genre de Ginger Ale) et nous sommes gavés pour un prix dérisoire.
Nous rentrons ensuite à l’appartement pour une bonne douche et une session coiffure. Avant la rentrée, je me fais couper les cheveux et c’est au couteau suisse que ça se passe. Emie travaille bien et le résultat est satisfaisant.
Une petite sieste plus tard, nous ressortons à Masuleh où même si les touristes iraniens sont bien présents, ils ne sont pas pour autant trop envahissants. Ces touristes auraient été vietnamiens je n’aurai pas donné cher du village !
Bref, nous mangeons une petite glace en regardant le soleil se coucher puis achetons quelques pâtisseries pour le petit déjeuner et retournons à l’appartement pour y terminer la soirée.
Demain, nous repartons à Qazvin pour y passer notre dernière journée avant le retour en France.
27 juin 2019
Le chemin en sens inverse nous paraît bien moins long qu’à l’aller. Taxi vers Rasht puis bus VIP pour Qazvin, c’est en début d’après midi que nous débarquons dans ce qui sera pour nous notre dernière étape.
Nous récupérons une chambre hyper simple et basique pour une bouchée de pain, et après une petite sieste nous sortons chercher à manger et voir ce qui se passe à Qazvin.
Un sandwich falafel et une glace composent notre repas, puis nous allons faire un tour dans le bazar de Qazvin, un superbe caravane-sérail rénové. Nous y buvons un petit thé avec les anciens et les marchands de tapis du coin, puis déambulons dans les allées des artisans. Un marchand de gâteaux secs nous y parle de ce qu’il aime de la France et surtout de cinéma. Ses réalisateurs préférés sont Luc Besson et Jean-Pierre Jeunet, mais plus surprenant il adore Godard et Truffaut. Plus surprenant encore, son film préféré est la Vie d’Adèle, le genre de production qui ne colle pas ici.
Nous le quittons et arrivons sur une petite esplanade où un petit concert est organisé. La musique est plutôt bonne, mais l’ambiance n’est pas au rendez-vous. La faute sans doute à la loi qui interdit de danser…
En rentrant à la chambre, nous nous offrons un petit milkshake banane puis il est temps de clore cette journée et ce voyage en Iran, qui nous aura permis d’apprendre beaucoup de choses sur ce pays et cette culture si différente de la nôtre.
Taxi Rasht – Masuleh : 1 000 000 IRR
Nuit à Masuleh : 2 500 000 IRR dans un petit appartement
Taxi Masuleh – Rasht : 800 000 IRR
Bus Rasht – Qazvin : 350 000 IRR /p
Nuit à Qazvin : 800 000 IRR
Bus Qazvin – Téhéran : 120 000 IRR/p
Nos Impressions…
SURPRENANT, INTÉRESSANT
C’est donc avec les clichés habituels que nous sommes partis dans ce pays musulman qu’est la République Islamique d’Iran. Tchadors ou burkas en pagaille, flagellations et lapidations en public, les femmes totalement soumises à leur mari et police religieuse hyper présente, c’est un peu comme ça que l’Iran nous était présenté par beaucoup.
Tous ces clichés ont volé en éclat dès le premier jour à notre arrivée à Téhéran. L’Iran est moderne dans ses infrastructures, et même si la loi islamique impose le port du hijab aux femmes, la plupart de ses habitantes jouent de cette obligation. Elles en profitent pour créer un style vestimentaire moderne tout en respectant cette loi finalement pas si contraignante selon les iraniennes, qui préfèrent se battre contre les inégalités au travail par exemple que pour un morceau de tissu. Et même si en tant que touristes nous n’avons sans doute pas vu le côté obscur des restrictions de liberté individuelle, à aucun moment nous y avons été confrontés et à aucun moment on nous en a réellement parlé comme d’une contrainte impossible.
Bien entendu, la Révolution Islamique a laissé des traces et dans certaines régions, la religion y est plus présente. Pour autant, cela n’a jamais nuit à notre découverte de cette culture si éloignée de la nôtre, le tout dans une sécurité totale.
La facilité à y voyager est incroyable, et c’est peut-être justement le bémol que nous pourrions apporter. En effet, un voyage en Iran était pour nous la recherche du dépaysement total et l’immersion dans une culture totalement différente, mais finalement si l’on excepte le côté religieux de ce pays, tout est facile pour le voyageur. Transports, nourriture, hébergement, l’offre est énorme et les prix extrêmement faibles.
Ce qui nous amène à la difficulté pour les habitants de vivre dans un pays étranglé par les sanctions internationales. Ces sanctions visent le gouvernement iranien mais ce sont les habitants qui en subissent les conséquences, eux qui ne soutiennent pas en majorité cette République Islamique. Ces habitants si fiers et forts sont pourtant réellement accueillants et gentils. Cette gentillesse, ces sourires, seront certainement notre meilleur souvenir et la raison pour laquelle un voyage en Iran nous semble important.
Enfin, de Théhéran à Shiraz en passant par Kashan ou Isphan, l’Iran a été une belle surprise. Et même si les paysages, excepté le désert des Kaluts, n’auront pas été exceptionnels, la culture perse, les Iraniens et les très beaux monuments resteront pour nous un excellent souvenir.
Ce que nous avons aimé :
- l’accueil et la gentillesse des iraniens, toujours souriants et prêts à nous aider
- la nourriture, facile à trouver, très bonne et bon marché
- Kashan et son ambiance
- Ispahan et ses deux côtés totalement différents
- Yazd et ses tours du vent
- le désert des Kaluts
Ce que nous avons moins aimé :
- le manque de paysages à couper le souffle
- le manque de dépaysement sur lequel nous comptions beaucoup
BUDGET
C’est en mode tour du monde que nous avons voulu continuer nos voyages, puisque c’est comme ça que nous avons envie de voyager. Sans se priver, mais sans flamber. Généreux, mais pas naïfs.
Si l’on enlève les billets d’avion, nous sommes à 45 euros par jour pour deux personnes.
Les prix ont été extrêmement bas dû aux sanctions économiques contre le gouvernement iranien. Le Rial ne vaut rien et surtout est très fluctuant. En juin 2019, 1 euro = 150 000 IRR.
Du coup les hébergements, la nourriture et les transports étaient très bon marché. Seules les activités avaient un coût « normal ».
Attention, il faut surtout bien calculer ou apporter des euros en plus. Les cartes ne fonctionnent pas en Iran et il n’y a aucune possibilité de retirer de l’argent. On peut aussi aisément payer en euros. Les iraniens préfèrent d’ailleurs, et on les comprend…
Petits conseils
Utiliser Snapp pour connaitre les prix des taxis
Pour une excursion veiller à demander s’il s’agit d’un guide ou d’un chauffeur.