4 et 5 novembre 2017
LA RUTA 40
C’est donc très tôt que nous nous levons, et très tôt que nous arrivons à la station de bus de Bariloche.
Le bus part à l’heure, et à vide, à peine une dizaine de passagers. Nous voilà donc partis pour 33 heures de bus non-stop, mais sur la mythique route 40 de Patagonie, avec ses longues portions de lignes droites troublées par les mirages dûs à la chaleur, ses espaces infinis de steppes habitées par quelques moutons, des nandous (une espèce d’autruche) ou des troupeaux de guanacos (un genre de lama). Le soleil et le ciel bleu nous permettent d’admirer ces paysages depuis la vue panoramique du premier rang, et finalement les douze premières heures du trajet jusqu’au village Perito Moreno (à ne pas confondre avec le glacier) passent assez vite.
La seconde partie du trajet va nous emmener de nuit à Rio Gallagas, mais environ deux heures avant d’arriver, nous sommes réveillés par une panne mécanique qui oblige notre véhicule à s’arrêter. Coup de chance, un bus d’une autre compagnie nous suivait, et il y a assez de places pour nous accueillir. Cela ne nous fera donc pas perdre de temps et nous ne ratons pas le changement de bus à Perito Moreno.
Pas le temps de prendre de pause, le prochain bus arrive dix minutes après pour nous emmener à El Calafate. Les paysages, toujours au premier rang, sont assez extraordinaires. Nous pouvons rouler deux ou trois heures sans voir une seule habitation. Nous croisons quand même quelques gauchos et leurs chevaux, toujours ces guanacos, ces nandous, ces moutons, mais aussi un ou deux tatous qui se baladent sur la route et passent de justesse à côté d’une fin atroce.
L’arrivée à El Calafate est de toute beauté. Profitant d’un col, nous surplombons une vallée désertique coupée par un lac d’un bleu incroyable. Le tout bien sûr au pied de montagnes enneigées… Merveilleux !
Nous avons ensuite trois heures d’attente avant notre dernier bus et en profitons pour réserver nos campings sur le Torres del Paine (apparemment c’est devenu obligatoire et presque complet !), les prochains trajets en bus et la navette qui va nous amener dans trois jours au glacier Perito Moreno. Le temps passe et le bus qui doit nous emmener à destination, El Chalten, n’est toujours pas là. Nous allons à la pêche aux informations et apprenons qu’en fait le prochain bus est dans deux heures. Comme pour l’annulation de la veille, nous n’avons eu aucune information de la part de la compagnie et nous sommes devant le fait accompli. Incroyable ! En même temps, il y a très peu de concurrence et les compagnies ont leur secteur et s’entendent (certainement) sur les prix. Le passager est donc loin d’être roi en Argentine.
Bref, nous patientons jusqu’à l’arrivée du bus et les trois dernières heures de trajet passent grâce aux superbes paysages patagoniens.
Nous arrivons enfin, après 36 heures de trajet, à El Chalten. La petite ville d’El Chalten a été fondée en 1985 seulement pour des raisons politiques (quelques bisbilles avec le Chili voisin), et est devenue un lieu purement touristique. Pour autant, lovée au pied du Fitz Roy et des montagnes alentours, elle n’est pas dénuée de charme et est plutôt animée.
Nous allons prendre possession de nos lits à l’auberge, puis sortons nous faire plaisir dans un petit resto sympa, le B&B (Burger and Beer).
Après une journée et demie de sandwichs froids et petits snacks, nous nous offrons un panini végétarien pour Emie, un morceau de boeuf parilla (grillé) pour moi. Un délice arrosé de bière ambrée qui enlève instantanément la fatigue du très long trajet depuis Bariloche.
Enfin, il est temps d’aller prendre une douche et de nous coucher, une vingtaine de kilomètres de marche jusqu’au Fitz Roy nous attendent demain matin, et il vaut mieux partir tôt.
Bus Bariloche – El Chalten : 2120 ARS /p avec la compagnie Marga. Bus décalé sans être prévenu, 23 heures à la base pour finir à 36 heures de trajet et trois changements de véhicule, le tout avec seulement un petit sandwich pour tenir (heureusement qu’on avait prévu !). La dernière étape décalée sans une excuse ni information au préalable. Compagnie pas très professionnelle, mais comme c’est la seule qui fait ce trajet, ils ne s’inquiètent pas trop du service après-vente…
6 novembre 2017
EL CHALTEN
Le réveil est matinal, et le petit déjeuner léger. Nous sortons assez tôt aujourd’hui pour pouvoir profiter de la météo clémente et entamons le sentier du Fitz Roy sous de beaux hospices.
Le départ du sentier grimpe un peu mais nous offre les premiers beaux points de vue du jour sur la vallée.
Le sentier ne grimpera plus pendant un moment et nous emmène tantôt dans une forêt, tantôt à découvert surplombés par la montagne. Malheureusement, le Fitz Roy, pic géant du coin se cache derrière les nuages mais nous le sentons bien présent, escorté de l’aiguille Poincenot bien visible.
Nous continuons notre chemin et à un peu plus d’un kilomètre de la Laguna de Los Tres, nous entamons la montée infernale du jour. Nous mettrons environ trois quarts d’heure pour avaler ce kilomètre d’ascension extrême, mais la récompense est au bout. Nous avons d’abord la surprise d’être accueillis par un renard. Le superbe animal est là, au milieu des quelques randonneurs qui se sont levés tôt, et n’a peur de rien. Seules les rafales de vent froides le feront partir se réfugier et ainsi nous quitter. Un joli spectacle avant le point de vue magnifique sur la Laguna de Los Tres gelée et recouverte par la neige, au pied des montagnes ciselées.
Nous descendons ensuite le long du lac et arrivons à un second point de vue qui nous permet d’admirer la Laguna Sucia, alimentée par la fonte du glacier la surplombant. Des moments assez incroyables, récompensant nos efforts de la matinée.
Nous redescendons ensuite par le même chemin, et cette fois croisons bon nombre de randonneurs. La descente correspond aussi à la détérioration de la météo et quelques fines gouttes tombent, sans gêner notre progression. Nous profitons d’une bifurcation pour aller voir de plus près le glacier des Piedras Blancas, puis reprenons le chemin initial.
Pour changer un peu, nous prenons une variante et passons le long de la Laguna Capri avant d’arriver après environ 6h de marche à El Chalten.
Cette très belle randonnée a bien entamé nos forces, et après quelques courses rapides, nous mangeons tôt et beaucoup. Enfin, nous terminons la soirée au dortoir et nous endormons très tôt.
7 novembre 2017
La nuit a été très bonne et seul le réveil nous fait sortir du lit. Après un petit déjeuner rapide, nous remettons nos chaussures de marche et partons pour une nouvelle randonnée à la journée.
Une vingtaine de kilomètres nous attendent pour monter au sommet du Loma del Pliegue Tumbado (1490 m) et la motivation est là en même temps que le ciel bleu.
Nous pouvons ainsi voir le mont Fitz Roy qui se cachait hier, et le géant patagonien nous surplombera une bonne partie de la matinée avant de retourner derrière les nuages. Nous entamons donc le sentier qui, pendant environ 8 km, ne sera qu’une montée régulière tantôt dans la forêt, tantôt à découvert pour arriver au point de vue sur la Laguna Torre, le glacier Grande et le Cerro Torre. Un superbe tableau dans un cadre un peu lunaire.
Lunaire sera aussi l’ascension finale. Un kilomètre complètement fou, sur un sommet sans végétation, où nous croiserons un peu de neige et surtout un coureur canadien qui aura fait le même sentier que nous en courant. Awesome !
La vue depuis le sommet du Loma del Pliegue Tumbado est incroyable. Nous avons 360° de vue sur la montagne, la vallée et le Lago Toro. La récompense vaut bien les efforts consentis durant près de trois heures. Le froid nous fait redescendre au premier point de vue pour y déjeuner une petite salade, puis il est temps d’entamer le retour.
La descente se fera encore sous le ciel bleu, même si quelques nuages se font menaçants au loin.
Peu avant l’arrivée, nous sommes survolés par des condors, animal devenu l’emblème de la Patagonie. Leur envergure particulière et leur élégance en font des rapaces agréables à observer.
Enfin, nous arrivons à El Chalten et il faut maintenant aller faire quelques courses avant de se poser un peu à l’hôtel. L’heure tourne et vient l’heure de prendre le bus pour notre prochaine étape, El Calafate.
Nous prenons donc un bus et trois heures plus tard, nous débarquons à El Calafate. Une petite marche d’une demie heure nous amène à notre hôtel, où nous rencontrons un suisse assez sympathique et très bavard. En discutant du Népal avec lui, il nous raconte comment il a vécu le tremblement de terre meurtrier à Katmandou puisqu’au moment des faits il y était. Pour l’anecdote, nous avons aussi eu l’impression de discuter avec notre ami Guillaume, puisque ce suisse en était le portrait craché ! C’était plutôt marrant…
Enfin, après une douche bienvenue, nous ne mettons pas longtemps à nous mettre au lit et à nous endormir.
Notre hôtel à El Chalten : le Condor de los Andes, 320 ARS /p la nuit, petit déjeuner compris. Très sympa, accueillant et propre. Une très bonne adresse, mais cela ne doit pas être la seule à El Chalten !
Bus El Chalten – El Calafate : 600 ARS /p (très cher pour à peine trois heures de trajet, mais pas de concurrence donc pas le choix !)