IRAN – Kashan

KASHAN

7 juin 2019

Ce matin, c’est tôt que nous nous levons. Le petit déjeuner local englouti, nous faisons nos adieux à Massoud et prenons la direction du terminal de bus Payane Jonoob (station du même nom).

À peine arrivés, un assistant chauffeur nous propose un bus pour Kashan partant immédiatement. Vu le prix ridicule, nous ne prenons même pas la peine de comparer ni même négocier le ticket et embarquons pour environ 3h30 de bus confortable et climatisé.

Le trajet passe vite, et une fois arrivés au terminal de Kashan, Majid, un chauffeur de taxi nous alpague. Il nous emmène à la guest-house et surprise (!), il est aussi organisateur d’excursions. Il est plutôt sympa et marrant, et nous décidons de lui faire confiance en programmant le lendemain une excursion à Niasar, un petit village aux abords de Kashan, réputé pour sa cascade.

Pour le moment, nous allons prendre possession de notre chambre au Green House Hotel.

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La chambre n’étant pas tout à fait prête, Majid nous amène dans le quartier ancien de Kashan pour qu’on y déjeune.

C’est dans le restaurant situé dans la maison traditionnelle Abbasi que nous prenons place. La salle est grande, très haute de plafond et s’articule autour d’une fontaine. Le cadre est vraiment sympa et nous avons le choix entre un espace où l’on mange au sol, et une table avec des chaises. Ma souplesse légendaire ne nous laisse pas le choix et c’est donc sur une table que nous allons déguster des plats typiques.

Le serveur nous apporte les plats accompagnés d’un petit drapeau français. Nous sommes choyés ! Au menu, un dizi pour moi et un kashke bademjan pour Emie.

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Le dizi est un ragoût dont la façon de le déguster est ancestrale, et c’est le serveur qui va nous en faire la démonstration. Il faut d’abord vider le jus dans un bol et y tremper des morceaux de pain. Ensuite, le mouton, les haricots et les légumes sont écrasés avec un pilon. La mixture est ensuite présentée dans une assiette, prête à déguster. Un délice de saveurs.

Pour ce qui est du kashke bademjan, Emie ne sera pas emballée. La faute au lait fermenté qui recouvre le caviar d’aubergine et qui finit par écœurer.

En tout cas, nous avons pu goûter les spécialités du coin et nous sommes convaincus que nous pourrons manger correctement en Iran. Le tout dans une ambiance festive puisque c’est vendredi et la salle est animée. Un orchestre entame même un tour des tables pour amuser la galerie. Un homme à côté de nous se prend au jeu et danse au son des encouragements des convives.

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Repus, c’est à l’hôtel que nous nous réfugions de la chaleur. Nous saurons plus tard que cette journée rentrera dans les records de chaleur ici avec 42°C. Du jamais vu depuis 50 ans (…).

Une petite sieste dans la chambre climatisée, puis nous repartons dans le quartier ancien. Nous déambulons dans les ruelles et visitons la Masjid e-Agah Borzog. Emie doit se vêtir d’un tchador aux allures de draps des années 50, mais la mosquée est superbe.

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C’est toujours un lieu de prière mais c’est aussi une école. Il y a carrément un terrain de volley en contre-bas de la zone de prière et une partie endiablée s’y joue. Les Iraniens sont fous de ce sport et l’équipe nationale est loin d’être ridicule.

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La visite terminée, Emie se déleste de sa tente (traduction de tchador) et nous allons en direction du Mozaffari Café. Dans une ruelle, nous rencontrons Saïd qui ne parle pas un mot d’anglais mais essaie de communiquer avec un large sourire. Nous ne comprenons strictement rien de ce qu’il essaie de nous dire mais arrive quand même à nous demander un selfie et une photo avec Emie, ce que nous lui accordons volontiers. La pose n’est pas très standard, voire très bizarre. Il ne pourrait pas se mettre plus près d’elle mais il ne pense pas à mal et c’est avec le sourire que nous le quittons.

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Le Mozaffari Café est un lieu sympa où les jeunes iraniens viennent discuter autour d’un thé ou d’un jus de fruits pressés tout en profitant d’une connexion internet. C’est un peu le Starbuck du coin. L’ambiance y est un peu « lounge » et les jus sont excellents. Nous en profitons pour y déguster une limonade et un jus de citron vert/gingembre, puis pour éviter la fringale nous commandons une petite soupe de nouilles aux légumes. La playlist nous surprend encore puisqu’elle nous permet d’écouter un grand classique de la chanson française. Entendre Edith Piaf qui entonne « Non rien de rien » dans un café au milieu du désert iranien, c’est quand même fort.

Enfin, nous prenons un taxi pour rentrer à la Guest House et terminer la soirée tranquillement à la clim, à préparer la suite du voyage et à travailler un peu sur le blog.

 

8 juin 2019

NIASAR

Le Grand Flop

C’est donc aujourd’hui que nous avons notre première excursion en Iran. Depuis hier, nous sommes dubitatifs sur notre choix puisqu’aucune autre agence ne nous a proposé ça, et qu’en matière de cascades nous avons eu notre lot de déceptions.

Enfin, nous nous sommes engagés et nous verrons bien, peut-être qu’une belle surprise nous attend ! En parlant de surprise, ce n’est pas Majid et sa bonne humeur qui nous accompagnera mais Saïd Reza, un de ses amis qui ne parle pas un mot d’anglais. Ce n’est donc pas un guide que nous aurons mais un chauffeur. Premier signe avant-coureur…

Nous voilà donc partis pour Niasar, une bourgade prisée des iraniens à une trentaine de kilomètres de Kashan. Saïd nous arrête d’abord à l’entrée du village pour y découvrir un temple de feu, édifice de la religion zoroastrienne présente en Iran. Pas protégé du tout, quelques pierres qui n’ont d’intérêt que d’être en hauteur et de nous donner ainsi une vue sur la vallée et la carrière de marbre alentour. Flop.

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Bref, nous continuons notre progression et après avoir croisé un berger avec ses moutons (peut-être le meilleur souvenir de cette matinée…), c’est  en haut de la fameuse cascade de Niasar que notre chauffeur-guide débutant nous amène. C’est dans un genre de parc aménagé pour le pique nique que nous arrivons, et en se baladant au milieu des locaux venus poser la tente et le matériel de pique-nique nous arrivons en haut d’une « cascade ». En fait une chute d’eau de trois mètres ressemblant plus à une évacuation qu’à une cascade naturelle. Flop.

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Saïd nous emmène ensuite en bas de la cascade, ou en tout cas essaie car nous avons l’impression que c’est la première fois qu’il vient, et nous promet quelque chose de « beautiful », le seul mot anglais qu’il connait finalement. Une petite erreur d’itinéraire plus tard, nous arrivons au bas de la cascade, certes un peu plus sympa que l’espèce de parc en haut, mais pas grand-chose de « beautiful ». C’est un peu la cohue avec tous les touristes iraniens venus se prendre en photo devant cette cascade, et c’est bien ce que nous allons retenir. Les locaux adorent cet endroit et même si nous avons un peu de mal à comprendre pourquoi, c’est une indication sur ce qu’ils apprécient et sur ce qu’ils font le week end. Demi-Flop.

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Sur le chemin du retour, nous ressassons cette matinée en pensant à la journée que nous venons de perdre et même si ce n’était pas cher, c’est toujours ça de jeté par la fenêtre. Saïd était très gentil et attentionné (il nous a même cueilli des mûres…) mais cela n’a pas suffit à égayer la matinée.

Bref, nous décidons quand même de ne pas trop nous en formaliser et retournons déjeuner à l’Abbasi Restaurant. Deux assiettes de légumes et une assiette de riz safrané agrémenté d’un café glacé (ou plutôt froid) et nous revoilà remotivés. Nous visitons ensuite la maison traditionnelle Abbasi et là c’est une belle surprise. 

En effet, cette ancienne grande maison construite par un riche marchand nous propose une belle architecture, des vitraux et des boiseries magnifiques. À l’intérieur il y a même deux ateliers de fabrication artisanale de tapis et de tissu, spécialité de la région de Kashan.

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Cette jolie visite nous redonne du baume au coeur. La chaleur écrasante nous oblige à nous réfugier dans la chambre climatisée pour une petite sieste et en fin d’après midi, c’est au Bazar que nous terminerons l’après-midi. 

Sur le chemin, nous sommes attirés par une boulangerie où le travail va commencer. Ali Reza, un petit gamin de 10 ans engage la conversation et nous demande de rester pour voir son père et ses apprentis confectionner le pain. C’est une aubaine et le temps que tout ce petit monde se prépare, Ali Reza nous pose des questions sur nous et nous dit qu’il joue au foot. Le pain est maintenant prêt et nous est même offert. Le petit Ali, fier de son papa et de son savoir-faire nous demande un selfie, ce que nous lui donnons volontiers et nous quittons ce petit monde comme souvent depuis notre arrivée en Iran avec le sourire.

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Le Bazar est un véritable labyrinthe et nous nous perdons dans les nombreuses allées couvertes où se côtoient les échoppes en tout genres. Cuivre, habits, montres, épices, comme toujours dans ces lieux tout est disponible. 

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Au détour d’une allée, c’est un ancien caravane-sérail que nous découvrons et le charme de ce lieu ne peut que faire effet. Une belle bâtisse, des marchands de tapis, et un jeune iranien qui vient engager la conversation pour pratiquer son anglais. Il nous explique que le caravane-sérail est une ancienne halte pour les marchands nomades, et nous donne quelques informations sur les différentes structures du bâtiment. Nous en profitons aussi pour échanger puis le quittons, toujours avec le sourire.

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Il est ensuite temps de rentrer et au passage, une petite glace à l’italienne à la main, nous allons acheter pastèque et bananes pour déjeuner demain matin. En effet, c’est à 4h00 du matin que nous nous lèverons pour aller voir un lever de soleil dans le désert du Maranjab, en espérant une plus belle excursion que ce matin.

 

9 juin 2019

Le lever est difficile et après un petit déjeuner rapide de pastèque, banane et oeuf dur, nous suivons Narguiez, une jeune iranienne qui travaille comme guide et organisatrice d’excursion à la Guest House. C’est avec Dado, un voyageur slovaque que nous allons partager le 4×4 Patrol (et les frais !) pour une balade dans le désert du Maranjab. Petite récréation pour Emie, dans le véhicule et dans le désert, elle ne sera pas obligée de se couvrir la tête.

Notre chauffeur, lui, n’est pas là pour plaisanter et de nuit, c’est en mode Dakar que le 4×4 traverse l’étendue désertique pour atteindre le spot « sunrise ».

Là, c’est le silence total, le calme absolu au bord d’un lac salé qui se découvre à mesure que le soleil se lève. L’endroit est paisible et agréable. Forcément, ce n’est pas le Salar d’Uyuni en Bolivie mais si l’on commence à comparer tout ce que nous faisons à ce que nous avons déjà vu de meilleur, nous ne pourrons plus profiter de rien et deviendrons ce que nous ne voulons pas être : blasés.

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Nous profitons ainsi du lever de soleil assis sur le 4×4 et le petit encas prévu par Narguiez comble nos estomacs.

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Il est ensuite temps de partir et d’aller voir une autre partie du désert. Cette fois, ce n’est pas un lac salé mais des dunes de sables que nous aurons la chance de voir. Sur le chemin, des groupes de dromadaires paissent tranquillement et nous nous arrêtons prendre quelques photos.

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Les dunes s’étendent à perte de vue et pendant une demi-heure, nous en profitons largement le temps que notre guide et le chauffeur révisent un peu leurs examens. En effet, ils sont étudiants (l’une en informatique, l’autre en psychologie) et ce travail leur permet de financer leurs études.

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Nous repartons alors vers Kashan, avec d’autres arrêts pour visiter des points d’intérêts comme la mosquée imam Zadeh Mohammed Hlal ou le château Sy Zan qui protégeait la cité souterraine de Nushabad. Cette cité souterraine a été construite pour se réfugier en cas d’attaque ennemie et la preuve que cela a du fonctionner, cette cité n’a été découverte par hasard qu’il y a 20 ans.

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La fatigue et la chaleur commencent à se fair sentir, il est temps de rentrer à la Guest House. Après un encas et une douche rapides, nous allons donc prendre possession de nos lits pour une longue sieste au frais.

En fin d’après midi, nous retournons à pied au quartier ancien afin d’y visiter une seconde maison traditionnelle, celle de la famille du riche marchand Tabatabaei. Aussi grande mais encore mieux conservée que l’Abbasi, les vitraux et les murs sculptés sont en bon état et cette visite est très agréable. 

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Nous terminons l’exploration de Kashan par l’ancien hammam du sultan Amir Ahmad, qui montre  une nouvelle fois l’opulence dans laquelle vivaient (vivent ?) les gens riches.

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Enfin, c’est au Mozaffari que nous allons dîner. Légumes mixés et mélangés à de l’oeuf pour Emie, une brochette de poulet et du riz pour moi.

Le retour à la guest-house se fera à pied afin de prendre une dernière fois la température de Kashan. Même si notre séjour s’est rallongé à cause du flop Niasar, Kashan restera un bon souvenir, notamment par son ambiance tranquille, ses maisons traditionnelles et les sourires de tous ces gens que nous y avons rencontrés. 

C’est d’ailleurs une remarque que nous nous faisons le jour où nous lisons un article de la presse française sur la fermeture de plus de 500 cafés et restaurants par la police de Téhéran à cause de leur immoralité vis à vis de la loi islamique. Les commentaires des internautes y sont à vomir et prouvent une fois encore que l’ignorance et la fermeture d’esprit font dire des choses incroyables. Cela fait moins d’une semaine que nous sommes en Iran, mais une chose est sûre. Les iraniens pour leur grande majorité subissent leurs lois religieuses, ne les cautionnent pas et essaient de s’émanciper du mieux qu’ils le peuvent. Les clichés auront bien sûr la vie dure, mais sur ce point, l’image que nous avions de l’Iran et de sa population a volé en éclats en moins d’une semaine.

Demain, nous continuons l’exploration de cet immense pays en allant à Ispahan, certains que d’autres belles rencontres sont à venir.

Bus Téhéran – Kashan (terminal Payane Jonoob) : 300 000 IRR /p

Notre Guest House à Kashan : le Green House Hôtel, 15 euros la nuit en chambre double climatisée (et petit déjeuner). Pas loin du Bazar, un peu plus excentrée du quartier ancien, cette Guest House tenue par Ali est très calme et de bonnes vibrations s’en dégagent. Propose des excursions. Nous y avons passé un très bon séjour.

Excursion à Nasiar : 10 euros la voiture. C’est 10 euros de trop…

Excursion dans le désert du Maranjab : 40 euros la voiture. En partageant la voiture, cela vaut le coup de se lever tôt.

Entrée Cité Souterraine Nushabad : 300 000 IRR /p

Maisons traditionnelles : ticket combiné (Abbasi, Tabatabaei et Hamam Amir Ahmad) : 480 000 IRR /p


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